News - 21.05.2017

Révoltes et protestations à Tunis au XIXe siècle

Révoltes  et protestations à Tunis au XIXe siècle

Lorsqu’on songe aux révoltes et aux protestations sociales  dans  l’histoire médiévale et moderne  d’un pays longtemps figé dans ses structures sociales traditionnelles comme le nôtre, on s’oriente presque machinalement vers le monde rural et les tribus dont les séditions survenaient à la suite de problèmes politiques et le plus souvent pour des raisons économiques et fiscales. Pour la période des beys husseïnites, par exemple, on pense ainsi à la grande révolte de 1864  suscitée par les tribus avant de s’étendre à presque tout le  royaume  sur fond de réformes institutionnelles mal comprises et d’imposition excessivement élevée.D’une façon générale, on considère qu’une grande ville comme Tunis – al Mahroussa, la Bien-Gardée – abritant une population laborieuse et paisible, souvent prospère, dûment encadrée par des autorités militaires civiles et religieuses, convaincue de jouir traditionnellement de la protection bienveillante du pouvoir central était de ce fait réfractaire à la contestation ouverte. Les seuls périls étant, outre les épidémies, soit une invasion étrangère et son cortège de pillages, de viols et de meurtres, soit un soulèvement des troupes ou encore une lutte pour le pouvoir qui pouvait se traduire par des combats fratricides dans la cité. Pourtant, la société tunisoise ne manqua pas de manifester son mécontentement à diverses reprises au cours du XIXe siècle.

Avant d’aborder la question des tensions sociales proprement dites, il convient de  parler d’un phénomène particulier au système militaire hérité des Ottomans et adapté aux réalités tunisiennes: le corps des janissaires (jund al Turk ). Cette troupe d’élite, pour martiale qu’elle fût, vivait cependant au quotidien de manière tout à fait inattendue. Ainsi, au XVIIIe siècle, les janissaires habitaient dans des logements civils répartis dans la médina. Et même lorsque Hammouda Pacha, espérant mieux les surveiller, les regroupa dans des casernes (ou qishla-s), ces bâtiments reprenant grosso modo le modèle architectural des demeures traditionnelles furent édifiés au cœur de la médina, voire dans les souks mêmes comme la caserne des Bshamqiya (l’actuel hôpital Aziza-Othmana) ou celle d’El Attarine, (ancien siège de la Bibliothèque nationale). Si, à l’origine,  les janissaires  étaient recrutés dans des provinces de l’empire, beaucoup étaient désormais issus de la communauté turque de la régence et épousaient volontiers des femmes du cru. En outre, comme on n’était pas tout le temps au combat et qu’il fallait bien s’occuper, il leur arrivait d’exercer une activité en lien avec la vie économique et culturelle de la ville. Les officiers supérieurs recevaient ainsi de la part du Bey des sinécures comme la gestion des biens habous ou wakf, l’administration des zaouias, des medersas ou même la direction de telle ou telle corporation artisanale. De sorte que leurs contacts avec la population citadine étaient très étroits.

La cohabitation entre une armée de métier consciente de son poids décisif et une société citadine fière de son appartenance à la première ville du pays constituait un ferment d’agitation dont les beys étaient parfaitement conscients. Ici, comme à Istanbul et dans les capitales de province comme Le Caire ou Damas, le pouvoir politique était d’une vigilance de tous les instants. Son contrôle étroit s’exerçait sur l’ensemble des activités de la cité et en particulier sur les rassemblements populaires à l’occasion des fêtes. Il advint même que des fêtes fussent purement et simplement interdites comme cela a été le cas sous les règnes de  Hammouda Pacha puis d’Ahmed Pacha Bey. Ce dernier décida ainsi d’interdire la plus grande fête populaire de la ville  dite de la Qasbah. A l’occasion de l’Aïd, la foule se concentrait à proximité de la citadelle pour se distraire et manger pendant quatre jours. Une grande foire était organisée pour la circonstance. A la suite d’une bagarre entre soldats en goguette, elle fut interdite au grand soulagement des hauts magistrats religieux car «cette fête, écrira l’un d’eux, était l’occasion d’actes blâmables et de débauche, voire d’assassinats». La contrepartie  de cette politique hostile aux liesses populaires fut le faste nouveau donné par Ahmed bey à la commémoration de la naissance du Prophète. Les réjouissances y étaient certes populaires mais aussi et surtout  officielles, présidées par le prince lui-même et  étroitement encadrées par les oulémas. Ce souci de juguler l’autonomie de la foule, d’assurer une présence systématique de l’autorité officielle se retrouvait aussi dans le soin pris à l’époque husseïnite par les dignitaires religieux de Tunis (muftis, imams, professeurs à la Grande mosquée) de prendre en charge la direction des confréries soufies (ou en tout cas de les agréer) en dépit du rituel quasi-hérétique de certaines d’entre elles comme les ‘Issaouias.

La grande inquiétude du Pouvoir – qui, rappelons-le, depuis les beys mouradites avait pris ses quartiers à faible distance de Tunis dans la cité fortifiée du Bardo —était cependant que le corps des janissaires dangereusement concentré dans la médina ne se révolte. Inquiétude justifiée puisque la discipline de ce corps d’élite  et son efficacité au combat n’avaient d’égales que sa turbulence en temps de paix. Au temps des pachas et beys husseïnites, la première révolte de la milice des janissaires survint en mai-juin 1743, sous le règne d’Ali Pacha (Leaders, août 2016). La nécessité de recourir à leurs talents militaires dans sa lutte contre ses cousins et  ses voisins algériens l’avait conduit à leur accorder divers privilèges et à fermer les yeux sur leurs abus à l’égard de la population. Lorsqu’il décida – un peu tard - d’y mettre un frein,  certains d’entre eux se  révoltèrent et désignèrent un de leurs chefs comme bey et un autre comme dey. Mais la sédition échoua faute d’avoir réussi à impliquer le plus respecté de leurs officiers et grâce à l’autorité  du prince Younès, fils du Pacha et soldat très respecté des troupes. A partir de cette date, on interdit aux janissaires de se regrouper dans les fondouks et on leur imposa d’habiter dans des logements dispersés en ville.

Quelques années plus tard, ces guerriers prompts à en découdre eurent l’occasion d’exprimer de nouveau leur esprit contestataire en  soutenant, en 1752, la rébellion de Younès contre son père. Tunis devint rapidement le théâtre de la querelle sanglante entre le pacha et l’aîné de ses fils. Les habitants de Bab Souika, «fidèles, nous dit Ben Dhiaf, à leur habitude de défendre le pouvoir établi», se rangèrent du côté de Ali, tandis que le reste de la ville se rallia à Younès. Au bout de vingt-cinq jours de siège, ce dernier fut contraint de sortir de la Kasbah et de chercher refuge auprès du bey de Constantine. Ses partisans vaincus, la population de Tunis eut à subir le pillage et des exactions de toutes sortes commis par la soldatesque du pacha. Elle allait souffrir encore lors de l’effroyable  mise à sac de Tunis en 1756, lorsque le prince Mohamed-el Rachid, fils de Husseïn Bey Ben Ali, fut rétabli sur le trône de son père grâce aux troupes du Dey d’Alger auxquelles on livra la ville.

Durant les vingt-six ans des règnes de Mohamed et de son frère Ali, Tunis et ses habitants ne connurent plus de troubles notables. Mais sous le règne de Hammouda Pacha (Leaders, mars 2017), la politique de restauration de la souveraineté du beylik vis-à-vis de l’encombrant dey d’Alger et d’affirmation de l’autonomie tunisienne nécessitait un renforcement des troupes et l’assurance que les janissaires de Tunis demeureraient loyaux et bien disposés au combat. Aussi, le prince leur témoigna-t-il toute sa sollicitude. Bien entendu, conscients de leur importance vitale pour le pouvoir, ils ne tardèrent pas à abuser de l’indulgence beylicale en multipliant les actes d’arrogante malveillance à l’égard de la population. Il convenait donc de réduire leur importance en modifiant l’organisation des troupes et en donnant plus d’importance à des corps concurrents. Hammouda Pacha cessa le recrutement dans le Levant et encouragea les Turcs  nés dans  le pays de mères tunisiennes (kouroughlis) qui, par leur origine, offraient plus de garantie de fidélité et d’attachement au pays. Il eut en même temps recours à des mamelouks circassiens, géorgiens et de renégats chrétiens, tous dévoués à sa personne et rompus au maniement des armes. Frustrés de se voir concurrencés de la sorte, les janissaires casernés dans  la médina fomentèrent en 1811 une révolte qui faillit coûter la vie à Hammouda Pacha puisqu’il était question qu’il se rende dans sa capitale et plus précisément à la caserne des Bshamqiyya. «Le 30 Août à neuf heures du soir- nous dit Alphonse Rousseau dans ses Annales tunisiennes - les conjurés se répandirent en tumulte dans les rues. Toutes les boutiques des bazars furent enfoncées et dévastées et un grand nombre de maisons juives, livrées au pillage, devinrent le théâtre des crimes les plus horribles.» Sous les ordres du puissant ministre Youssouf Saheb Ettabaa (Leaders, juillet 2016), la riposte fut organisée. On commença par  dissuader le bey de quitter le Bardo, puis les mamelouks, commandés par le ministre, aidés par les habitants à qui on avait distribué des armes, firent le siège de la citadelle de la Kasbah où s’étaient repliés les conjurés. Leur reddition eut lieu le 1er septembre et plus de 500 prisonniers furent décapités le jour même sur ordre express d’un Hammouda Pacha d’autant plus furieux que sa confiance en ses janissaires avait été longtemps totale.

En mai 1816, sous le règne de Mahmoud, la révolte des janissaires fut encore plus grave. Le chef de la conjuration, Dali Bach, un brillant officier au charisme redoutable, harangua ses hommes au nom de la fidélité au Sultan ottoman «possesseur du beylik de Tunis et dont nous sommes dit-il en des termes particulièrement séditieux dans la Tunisie des beys, les sujets et les soldats». Puis il s’en prit violemment au bey et à ses ministres, accusés de dilapider les ressources de l’Etat dans des dépenses de luxe et de libérer sans rançon les captifs chrétiens pour faire plaisir à Caroline Princesse de Galles en visite à Tunis (Leaders, avril 2017) alors, soulignait-il, que les petites gens éprouvaient de grandes difficultés financières. Il affirmait enfin sa volonté de renverser le bey et de mettre à sa place un prince capable d’assurer le bien général. Pour ce faire, il chercha à semer la zizanie au sein de la famille beylicale en tentant d’impliquer le frère du bey Ismaïl et du prince Mustafa. La sédition des militaires risquait donc d’entraîner dans son sillage la population civile.

Leur excitation portée à son comble, les janissaires mutinés prirent en otage les magistrats religieux, les dignitaires politiques et militaires qui résidaient dans la médina. Vis-à-vis du reste des habitants de la cité, les conjurés se présentèrent comme les défenseurs d’un sort commun en prétendant vouloir défendre, face au bey, leurs intérêts et les intérêts de la population. L’insurrection fit cependant long feu en raison de dissensions internes, d’un refus des citadins de se mêler au mouvement et d’un sursaut salutaire des autorités beylicales. Conduit devant Mahmoud Pacha Bey, en sa salle de justice du Bardo, Dali Bach répondit aux questions avec un courage et une insolence admirables, critiquant avec aplomb la politique du prince et de ses ministres, avant d’être étranglé sur place. Cette sédition sonna le glas de la milice des janissaires de Tunis dont le rôle militaire  allait être progressivement réduit à partir du règne de Husseïn Bey (1824-1835) jusqu’à  sa dissolution par son successeur Mustafa(1835-1837).

De ces deux révoltes de 1811 et 1816, on retiendra aussi que les autorités tunisoises de la ville et en particulier le cheikh- el- medina, Hmida Ghammad, et le cheikh du faubourg de Bab Souika, Ali Mhaoued, ainsi que de nombreux citadins qui s’étaient battus les armes à la main contre les factieux firent en ces circonstances tragiques la preuve de leur énergie et de leur loyauté au trône husseïnite.

Si les troubles fomentés par les janissaires furent incontestablement les plus graves, Tunis connut cependant des protestations ouvertes de la population civile contre des décisions prises par les beys.  Ce n’était certes pas des soulèvements armés mais la mobilisation des citadins et leur détermination n’allèrent pas sans inquiéter le Pouvoir.


En 1836, lorsque Mustafa Pacha Bey, soucieux de réorganiser ses troupes selon le  modèle moderne, décida de faire recenser – y compris à Tunis - les hommes susceptibles de porter les armes, les Tunisois – depuis toujours exemptés du service armé - se portèrent en masse à la zaouia du saint patron de la ville, Sidi Mahrez, et exigèrent que cette décision qui leur parut horriblement incongrue soit annulée. Leurs arguments n’étaient pas minces. «Les soldats de Tunis sont les janissaires et les Kabyles Zouaouas, rappelèrent-ils non sans raison aux oulémas auxquels ils firent part de leur inquiétude. Et quel intérêt y a-t-il à enrôler des jeunes qui coûteront de l’argent à l’Etat et priveront en même temps l’économie de leurs bras et de leurs  services?» Quant à la défense du territoire, «au moindre danger, protestèrent-ils, nous sommes, en bons musulmans, toujours prêts à prendre les armes  au nom du djihad pour notre religion, nos personnes, nos familles et nos biens sans qu’on ait besoin d’enrôler nos enfants.» Mustapha Pacha  Bey ne resta pas insensible aux suppliques des habitants de sa bonne ville de Tunis, revint sur sa décision et pardonna aux protestataires au grand dam de son ministre. L’intransigeant mamelouk Chékir Saheb Ettabaâ se proposait, en effet, d’infliger une lourde amende à l’ensemble de la population tunisoise dans une logique chère au despotisme oriental: «les agitateurs pour leur insolence et tous les autres pour leur silence et leur passivité…». Quelque temps auparavant, la malheureuse population de Kairouan, rançonnée par le même Chékir, ne bénéficia pas de la clémence du prince.

En septembre 1861, nouvelle «émotion» tunisoise. Il fut question cette fois de dénoncer les  nouvelles  institutions créées à la suite des réformes constitutionnelles. Des éléments des couches populaires musulmanes vouées aux petits métiers, auxquels se mêlèrent quelques beldi-s, se réunirent à la Grande mosquée pour exprimer leur mécontentement contre les réformes jugées hérétiques et pour le rétablissement de la justice rendue par le bey lui-même, mais aussi contre la vie chère. Ils décidèrent de se rendre le lendemain en masse au Bardo  pour soumettre au  bey leurs doléances. Des arrestations furent opérées le jour même à l’issue de leur rassemblement à la mosquée. Les autres, s’étant mis sous la protection des étendards du saint Sidi Mahrez, maintinrent leur décision et se présentèrent devant Le Bardo. Quel ne fut pas leur désappointement quand le bey ordonna leur arrestation et leur jugement par le Majliss el Jinayât, ce nouveau tribunal objet de leur mécontentement! Ils furent sans doute d’autant plus surpris que des intrigants hostiles aux réformes les auraient incités, nous dit Ben Dhiaf, à protester en leur faisant croire que le Bey souhaitait en secret une telle contestation. Déférés devant le tribunal, les protestataires furent inculpés d’atteinte à l’ordre public, de contestation des décisions du gouvernement et «d’avoir endossé des vêtements autres que ceux qui conviennent à leur condition», c’est-à-dire qu’ils se sont permis d’émettre un avis sur des mesures d’intérêt général alors qu’ils ne font pas partie de ceux qui ont le pouvoir de décision (ahl al hal wa al ‘aqd). Les accusés écopèrent deux années de bagne ou de mesures d’éloignement. Une demande de révision du procès fut rejetée mais en octobre, le bey gracia l’ensemble des condamnés.

Les années suivantes, la société tunisoise, victime d’une crise économique sans précédent, à l’instar de l’ensemble du pays, était comme engourdie et dans l’attente anxieuse d’un avenir qui s’annonçait particulièrement sombre  au vu des faillites en série des élites musulmanes, de l’essor des milieux économiques étrangers et leur arrogance, de  l’installation de la fameuse Commission financière internationale et la mise sous tutelle par la France, la Grande-Bretagne et l’Italie des finances tunisiennes. En mai 1881, l’entrée des troupes françaises d’occupation fut vécue comme une tragédie. Aussi, lorsque les nouvelles autorités municipales installées par le protectorat décidèrent d’augmenter diverses taxes et d’imposer des mesures d’hygiène en matière d’inhumation, la décision fut-elle perçue par une population tunisoise abasourdie comme une agression supplémentaire et une immixtion dans les affaires religieuses des musulmans. La protestation prit la forme d’une pétition adressée au bey signée par de nombreux citadins de toutes les professions: artisans, marchands, notaires, fonctionnaires, professeurs et magistrats. Plus de 200 personnes exprimèrent ouvertement leur hostilité à ces mesures. Une délégation fut reçue par le Bey Ali qui exprima sa sympathie aux protestataires; ce qui inquiéta les autorités coloniales déjà préoccupées par le nombre élevé de signataires et surtout l’engagement de figures éminentes de l’élite citadine.


Il s’agissait là «d’un mouvement dont les tendances hostiles au Protectorat – écrivait alors le secrétaire général du gouvernement Maurice  Bompard - ne pouvaient plus laisser aucun doute». Si les hauts cadres du Makhzen beylical se rallièrent au nouvel ordre politique après le traité de Kassar Saïd et la Convention de La Marsa de 1883, on se rendit compte, à l’occasion de la protestation tunisoise de 1885, que «la bourgeoisie d’origine beldie ou savante se maintenait dans une réserve distante et ce fut dans ce milieu que se manifestèrent les premières résistances au protectorat» ( Henri de Montety). Aussi malgré le caractère modéré du mouvement, le résident Paul Cambon opta-t-il pour une répression sévère: la cheville ouvrière de la protestation, Mohamed Senoussi, fonctionnaire, fils et petit-fils de magistrats religieux, intellectuel zitounien réformiste se réclamant de la tendance d’El Afghani et de Mohamed Abdouh, fut limogé et éloigné à Gabès. Le cheikh- el- médina, Mohamed Dallagi, et le directeur de l’Administration des habous, cheikh Ahmed El Ouarttani (qui outre sa participation au mouvement s’était signalé dès 1881 par sa résistance face aux tentatives du Protectorat pour accaparer les terres habous  au profit des colons), furent destitués. D’autres hauts fonctionnaires ainsi que des chefs de prestigieuses corporations des souks furent démis de leurs fonctions et Hassouna Ben Moustafa, directeur des forêts d’oliviers, fut exilé au Kef.

Le mouvement fit long feu et l’historien Arnold Green a évidemment raison lorsqu’il écrit dans son ouvrage The Tunisan Ulama qu’il devrait être interprété comme une réaction à l’occupation de 1881 et non un prélude à l’indépendance de 1956. Il n’empêche que ce sursaut de citadins artisans, marchands, oulémas et fonctionnaires, quatre ans à peine après l’occupation, fut néanmoins un moment fondateur: celui de Tunis comme haut lieu de la réflexion et de l’action au service de la cause nationaliste tunisienne. En cela, la protestation tunisoise de 1885 se distingua fondamentalement des mouvements qui la précédèrent.

Mohamed-El Aziz Ben Achour