News - 13.04.2017

Sonia Mbarek soutient avec brio une thèse de doctorat sur le statut du musicien en Tunisie

Sonia Mbarek

A peine délivrée en septembre dernier de sa charge de ministre de la Culture dans le gouvernement Habib Essid, Sonia Mbarek a repris avec ardeur la finalisation de sa thèse de doctorat en sciences politiques. Le thème choisi est particulièrement «difficile et innovant» : "Le Statut du musicien en Tunisie : Etat des lieux de la politique musicale : approche sociologique". Le directeur de thèse, Pr Hamadi Redissi est rigoureux. Et le jury, présidé par le Pr Nabila Mezghanni, avec comme rapporteurs les Prs Mohamed Kerrou et Asma Nouira, sera d’une grande exigence. Pendant plus de deux heures et demie, la soutenance, jeudi après-midi à la faculté de Droit et de Sciences politiques de Tunis a été un moment exceptionnel d’échanges et de débat sur l’antagonisme et l’ambiguité de ce statut très particulier. Plus encore, sur la politique publique culturelle dans son ensemble. Décision du jury : mention très honorable, avec les félicitations...

De multiples vocations et une distanciation nécessaire

L’assistance est significative. Ouided Bouchamaoui, Béchir Ben Slama, Ridha Ben Slama, Abdelaziz Kacem, Nja Mahdaoui, Bochra Belhaj Hmida, le général Mohamed Ghorbel et Sihem Belkhoja, notamment, se sont joints à un public nombreux d’universitaires. Sonia Mbarek avait la lourde tâche de résumer brièvement un corpus de 448 pages (hors annexes et bibliographie) d’une thèse très dense, de mettre en valeur ses conclusions et d’esquisser les perspectives qu’ouvrent ses travaux pour d’autres recherches. A la fois juriste et politologue, musicienne et décisionnaire politique de par son passage à la tête du ministère de la Culture, elle devait s’enrichir de toutes ces vocations et s’en distancier. Une équation pas facile à résoudre.

Le musicien a-t-il besoin d’un statut ? 

Deuxième question de fond, le musicien, comme tout artiste, atypique et « marginal » par nature peut-il laisser ses talents éclore dans un statut très normatif, complètement sécurisé alors que son véritable moteur est en fait l’insécurité ? Quelle juste dose sera alors nécessaire, à quelles conditions et avec quelles garanties. Tout le débat est là. Sonia Mbarek s’appuiera dans ses travaux sur une bibliographie très riche, et des entretiens directs avec une trentaine de musiciens de diverses générations et tendance. Elle procèdera aussi à la confrontation des diverses statistiques de la population musicale (14 000 détenteurs de la carte professionnelle, et une estimation globale allant jusqu’à 50 000 musiciens), l’examen des propositions enregistrées au ministère de la Culture pour amender une vieille réglementation datant de 1969 et le projet de loi qu’elle avait elle-même avait bouclé avant son départ du ministère, en espérant le voir aboutir.  Analyse et réflexion aboutiront à un document précieux. 

«Voilà un sujet innovateur et bien difficile que vous avez eu le mérite de choisir et de bien traiter, commentera la président du jury, le Pr Nabila Mezghanni, avant de soulever nombre de nouvelles pistes à approfondir». Sur la même lancée, le Pr Asma Nouira posera la question sur les fondements d’une politique publique culturelle. «Une recherche remarquablement réussie», dira le Pr Mohamed Kerrou avant de s’interroger sur le vrai statut, autre que social et professionnel qui sied le mieux aux musiciens et autres artistes. 

Les débats s’élèveront très haut. Une nouvelle carrière universitaire s’ouvre devant Sonia Mbarek.