News - 12.04.2017

Le Plan de développement 2016 – 2020 finalement adopté - Fadhel Abdelkéfi : «Fier de ce qui me vaut d'être taxé de néolibéral»

Fadhel Abdelkafi
Un grand ouf de soulagement peut être légitimement poussé! Le Plan de développement économique a été finalement adopté aux forceps ce mercredi matin par l’Assemblée des Représentants du Peuple. Par 111 voix pour, contre 4 abstentions et 42 voix contre, les élus de la nation ont avalisé ce premier plan élaboré depuis la révolution, couvrant les cinq années 2016 – 2020, après une longue rupture depuis le XIIème plan (2007 -2011). Un message significatif adressé au FMI dont la mission de revue périodique se trouve précisément à Tunis cette semaine, ainsi qu’aux autres institutions financières qui ont toujours déploré le retard pris dans l’adoption de ce document cadre.
 
Au nom du gouvernement, Fadhel Abdelkéfi, ministre du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale a dû se mouiller la chemise, dès mardi matin pour défendre le projet de loi hérité du gouvernement Habib Essid et de son prédécesseur à la tête du ministère, Yassine Brahim. 
 
Dès le départ, le processus d’élaboration du Plan a été aussi difficile que laborieux. Censé être lancé en 2011, il a été reporté en attendant l’organisation du Recensement général de la Population et de l’Habitat qui n’a pu s’effectuer qu’en 2014, puis le traitement de ses indicateurs devant servir de base à la planification. Dès sa prise de fonction, le 6 février 2015, Habib Essid en a fait sa priorité et la première version de la Note d’Orientation a été examinée en conseil des ministres en mars 2015. Il aura fallu la remettre pas moins d’une dizaine de fois sur le métier pour aboutir à une version finale, adoptée à la Kasbah et transmise au Bardo. 
 
Entre temps, le contexte a changé, les indicateurs ont évolué, et un nouveau gouvernement conduit par Youssef Chahed s’est mis en place. Dans la continuité de l’Etat et sans renier le texte initial, Fadhel Abdelkéfi s’est échiné à le défendre en commissions, négociant les différentes propositions introduites par les Députés. En séance plénière, mardi, il a dû subir un feu nourri de critiques de la part des élus de différents bords. Imed Jebril (Nidaa) a dénoncé la non-prise en compte des doléances des régions, accusant le gouvernement de se contenter d’un rôle de pompier. Il est appuyé dans ce sens par Habib Khedher, Sahbi Attig et Moez Belhaj Rhouma (Ennahdha). Mbarka Brahmi (Front populaire) a trouvé le Plan « trop généraliste et incapable de répondre aux vrais défis. Noomen Elleuch (Bloc démocratique) s'est demandé si une actualisation était prévue à partir de 2017.

«Je suis fier de ce qui me vaut d'être taxé de néolibéral»

Le ministre n’a pas été personnellement dispensé de toutes ces mises en cause. Taxé de néolibéral et accusé de chercher, à travers la privatisation des banques publiques, à doper la Bourse, il ne s’est pas retenu pour répondre directement à ces deux griefs portés contre lui. «Néolibéral n’est pas une tare, commencera-t-il par répliquer. Si, parce que ma compagnie d’origine a été la première à introduire le leasing en Tunisie et nous en mesurons tous aujourd’hui les bienfaits, je suis taxé d’être néolibéral, j’en serais bien fier. Et si je crois en la Bourse de Tunis et ne cesse d’œuvrer à son essor, et faire de Tunis une grande place financière, j’en suis encore plus fier.» Son franc parler lui servira d’armure. Le Plan est voté. Exécution !