News - 22.02.2017

Décès du militant Habib Grar : l’enfant terrible du Néo-Destour (Album Photos)

Décès du militant Habib Grar : l’enfant terrible du Néo-Destour

Habib Grar qui s’est éteint mardi à la Marsa à l’âge de 87 ans illustre le parcours militant des jeunes patriotes tunisiens. Né le 29 octobre 1929 dans la médina de Tunis, d’un père d’origine algérienne natif de Skikda, venu en 1906 travailler aux Chemins de fer et d’une mère tunisoise, il deviendra une figure de proue d’une génération en ébullition. Du mouvement scout qu’il intègre dès l’âge de 7 ans sous la conduite de celui qui deviendra un grand résistant, Hédi Ouertani, au club sportif des Cheminots, puis au Néo-Destour, il s’investira de toute son énergie toujours débordante dans la lutte contre l’occupation française.

Son itinéraire dans les dédales de la médina, rue Boussandel, Bab Dzira, rue Sidi El Aloui, Halfaouine, Beb Souika, rue de Gharnouta, la Kasbah et autres sera celui de l’activisme multiforme, et dans les bords, celui des grandes manifestations. S’il a quitté prématurément l’école, c’était pour se consacrer au combat dont il faisait sa raison d’être. Bourguiba et Materi, seront ses leaders favoris, les Bahi Ladgham, Mongi Slim, et autres Taieb Mehiri, ses chefs directs. 

L’arrestation de Bourguiba, le 18 janvier 1952, provoque de grandes manifestations populaires. Habib Grar y sera au premier rang. S’il a pu échapper aux premières rafles opérées par la police française, il finira par être arrêté en avril 1952 et détenu à la prison civile de Tunis. C’est derrière les barreaux qu’il y retrouvera de grands militants du Néo-Destour et de jeunes étudiants en France, comme Hamed Zeghal. La solidarité de la prison fera alors naître une fraternité des plus fortes. 

Sa remise en liberté, Habib Grar l’a doit à Pierre Mendès France. Elle sera cependant assortie d’une assignation en résidence à Annaba, de l’autre côté des frontières avec l’Algérie. Il s’en accommodera grâce à des commerçants tunisiens qui y étaient établis. Mais, sans se résigner à cet éloignement de la scène politique tunisienne. Apprenant que Bourguiba s’apprêtait à rentrer à Tunis le 1er juin 1955, et ne pouvant concevoir son absence ce jour-là, il s’arrangea pour fuir et regagner la capitale. On le retrouvera, désigné par Taieb Mehiri, dans l’escorte rapprochée du Combattant suprême. 
Après l’indépendance, il n’obtiendra en récompense que sa réintégration à la SNCFT, sans avoir rien sollicité d’autre. Grar gardera son franc-parler ainsi que son engagement patriotique sincère et dévoué et laissera le souvenir d’un militant d’une autre dimension, téméraire, irrévérencieux, courageux et intègre.
 
Taoufik Habaieb