News - 08.02.2017

Caïd Essebsi à Rome: «Caton aurait lancé avec moi Aedificanda Cartago!» (Album photos)

Caïd Essebsi à Rome : « Caton aurait lancé avec moi Aedificanda Cartago ! »

Rome – De notre envoyé spécial, Taoufik Habaieb. En visite d’Etat à Rome, le président Béji Caïd Essebsi a bien choisi la conclusion de son discours prononcé mercredi après-midi devant les deux commissions des Affaires étrangères, du Sénat et de la Chambre des Députés. «Je voudrais rectifier cet appel lancé par Caton au Sénat de Rome : ‘’Dalenda Carthago’’. S’il était présent aujourd’hui parmi nous, il partagerait avec moi sans hésitation un appel du cœur au peuple italien ami à travers votre auguste assemblée : ‘’Aedificanda Cartago’’. Œuvrons donc tous ensemble pour édifier un avenir meilleur à nos deux peuples voisins et amis.» La phrase a fait mouche au Palazzo Madama, siège du Sénat où parlementaires et invités de marque ont suivi attentivement les propos président de la Tunisie. Près de trente minutes durant, il a évoqué tour-à-tour la coopération économique et sécuritaire bilatérale, la lutte commune contre le terrorisme et l’émigration clandestine et les nouvelles transformations dans le monde.

Le président Caïd Essebsi a exhorté l’Italie à accroitre son soutien à la démocratie tunisienne et les investisseurs à promouvoir davantage de projets. Au sujet de l’émigration clandestine et tout en rappelant les résultats probants accomplis par la Tunisie qui ont permis de réduire les effectifs de 22.000 en 2011 à un millier ces dernières années.

Extraits

"Je suis persuadé que l’Italie apportera son soutien à la Tunisie dans ses efforts pour lever les défis, tant sur le plan bilatéral qu’au sein de l’Union européenne ou à la faveur de sa présidence du G7, parce que la réussite de la Tunisie se répercutera positivement sur la sécurité, la stabilité et le développement dans notre espace euro-méditerranéen.

Je réitère l’appel aux opérateurs économiques italiens afin de poursuivre leur investissement dans notre pays, surtout avec l’amélioration significative du climat des affaires et l’adoption d’une série d’incitations et de garanties instituées dans le nouveau code des Investissements.

Notre espoir est grand de voir l’Italie, le pays voisin et ami, en tête de nos partenaires européens avec lesquels nous pouvons coopérer à grande échelle pour soutenir le développement économique en Tunisie et la participation à la réalisation de projets destinés à la jeunesse, notamment le financement des PME et de la formation professionnelle, l’intensification des échanges culturels et scientifiques. Il s’agit aussi de donner une dimension plus large aux jeunes dans les programmes de coopération bilatérale, afin de promouvoir leur rôle dans les différents aspects du développement.

Emigration clandestine 

La problématique de l’immigration clandestine est source d’inquiétude pour nous tous au sein de l’espace méditerranéen qui vit un drame humanitaire du fait de la multiplication des incidents de noyade en mer d’émigrants en Europe et la prolifération de la traite des êtres humains.

Je tiens à louer le traitement humain par les autorités italiennes de ce phénomène qui s’est accru durant ces dernières à cause des situations conflictuelles dans la région. Tout en exprimant ma satisfaction pour ce que nos deux pays ont accompli en coopération exemplaire dans le traitement de l’émigration clandestine, je tiens à saluer les aides italiennes en équipements et formations pour lutter contre ce phénomène ce qui a contribuer à accroître nos capacités à sécuriser nos frontières maritimes et au succès de nos forces sécuritaires à déjouer de nombreuses opérations d’émigrations clandestines. C’est ainsi que le nombre d’émigrés tunisiens parvenus par voie maritime aux côtes italiennes a décru de près de 22.000 en 2011 à près de 1000 seulement ces dernières années.

Il n’est pas possible d’arrêter le flux d’émigration clandestine sans l’adoption d’une approche globale et équilibrée qui prenne en considération les aspects économiques, sociaux, culturels et humains de l’émigration et sans agir sur ses racines et établir des canaux organisés, parallèlement à la création de projets de développement notamment dans les régions sources. 

Sécurité

Nous aspirons à ce que l’année qui commence soit celle d’une remise en avant du concept de la sécurité collective dans les relations, à partir d’une vision générale et non sélective qui traite sérieusement les aspects et les causes qui nourrissent le terrorisme et l’extrémisme violent dans notre monde. (...) La Tunisie qui a toujours été un phare de rayonnement pour l’islam modéré et tolérant est déterminée à poursuivre ses efforts pour le renforcement de ses dispositifs sécuritaire et de défense afin de préserver sa sécurité et sa stabilité et se prémunir des risques de ce fléau transfrontalier. Vaincre le terrorisme est cependant une responsabilité collective qui se place au cœur des devoirs de la communauté internationale et exige une prise en charge qui dépasse la stricte dimension sécuritaire pour s’étendre à toutes celles culturelles, sociales, politique et économiques qui caractéristique ce phénomène compliqué.

Libye

L’absence de stabilité en Libye sœur est source d’inquiétude sérieuse et constitue un facteur de menace effective pour la sécurité de la Tunisie et son économie, de par du voisinage et de l’interaction des intérêts des deux pays et des deux peuples frères. Nous considérons que la solution recherchée pour résoudre la crise libyenne ne saurait émaner que de la volonté des frères libyens et de leur détermination. Elle ne peut s’accomplir que dans l’entente et la concorde qui les unissent et ne les divisent guère. Notre devoir est de les soutenir dans ce sens et de leur apporter tout le soutien requis.

C’est dans ce cadre que nous avons lancé une initiative pour résoudre la crise dans ce pays frère, visant à encourager toutes les parties libyennes et les aider à réaliser un règlement politique consensuel, aboutissant à une réconciliation générale qui préserve l’intégrité de la Libye et sa souveraineté et ce, en coordination et concertation avec l’Algérie et la Libye.

Sans doute, l’Italie, de par l’histoire et la géographie est le pays européen qui réalise le plus la nécessité d’agir pour asseoir les fondements de la stabilité de ce pays frère. Le recouvrement par la Libye de ses fondamentaux est une condition essentielle pour le renforcement de la sécurité et la stabilité dans la région et l’éradication du terrorisme ainsi que la lutte contre l’émigration clandestine."

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