News - 17.01.2017

Le ministre italien des Affaires étrangères, ce jeudi à Tunis : le terrorisme, l’émigration et la Libye...

Le ministre italien des Affaires étrangères Angelino Alfano, ce jeudi à Tunis : le terrorisme, l’émigration et la Libye...
Six semaines seulement après sa nomination à la tête de la diplomatie italienne dans le nouveau gouvernement de Paolo Gentiloni, le ministre des Affaires étrangères, Angelino Alfano sera ce jeudi à Tunis pour une série d’entretiens de haut niveau. Elle intervient suite de la visite à Tunis le 3 janvier courant du ministre de l'Intérieur italien, Marco Minniti.Trois questions figurent à l’ordre du jour, la lutte contre le terrorisme, le traitement des questions relatives à l’émigration vers l’Italie et la stabilisation de la Libye.
« Il s’agit là de trois préoccupations majeures qui suscitent de grandes inquiétudes auprès de l’opinion publique et des autorités italiennes, confie à Leaders une source diplomatique italienne. Il est important que le chef de la diplomatie se rende en Tunisie, son voisin le plus proche de la rive sud de la méditerranée en vue de renforcer la coopération bilatérale en la matière ».
Son prédécesseur, Paolo Gentiloni, désormais successeur de Mattéo Renzi en tant que chef du gouvernement, s’était déjà rendu le 9 mai dernier à Tunis où il avait été longuement reçu par le président Caïd Essebsi et son homologue Khemaies Jhinaoui.

Emigration clandestine: la Tunisie a le mieux géré ce fléau

A deux semaines de la visite d’Etat, la première du genre, qu’effectuera le président Caïd Essebsi à Rome les 8 et 9 février prochain, la venue à Tunis du ministre Alfano, s’inscrit certes dans la préparation de cette visite mais aussi « l’accélération de certains dossiers pratiques». La grande préoccupation actuelle de l’Italie est en effet le raccompagnement des immigrés clandestins vers leur pays d’origine. En 2016, l’Italie a en effet reçu plus de 181.000 immigrés dont 90% sont provenance des côtes libyennes. Parmi tous ses voisins, la Tunisie est le pays qui a le plus renforcé sa surveillance côtière. Les immigrés clandestins tunisiens identifiés en Italie durant l’année 2016 ne dépassent pas 1200 personnes alors qu’ils étaient pas moins de 22.000 en 2011. Par ailleurs, grâce à une étroite collaboration entre les services concernés des deux pays, les opérations de retour des immigrés tunisiens se poursuivent à un rythme soutenu et dans de bonnes conditions, apprend Leaders de bonne source. Plus de 1.700 ressortissants tunisiens sont en effet retournés en Tunisie au cours de l’année 2016, ce qui relève d’un effort remarquable. 
Ce qui est surprenant, c’est que malgré cette performance, les Tunisiens sont les plus stigmatisés dans certains médias italiens qui n’hésitent pas à faire l’amalgame entre immigration clandestine et terrorisme. Au sein de la communauté tunisienne en Italie, un sentiment d’injustice est exprimé à cause de ces fausses accusations et on rappelle d’ailleurs au sujet d’Anis Amri, l’auteur de l’attentat de Berlin que c’est dans les prisons italiennes qu’il s’était radicalisé, et non en Tunisie.
Ce dossier reste cependant à examiner en profondeur entre les deux pays pour lui trouver des solutions appropriées, voire accorder à la Tunisie un quota spécial de main d’œuvre spécialisée qui bénéficiera d’une préparation adéquate et octroyer à ceux qui rentrent au pays des incitations à la réinsertion sociale et professionnelle.

Libye: Selon la politique de Trump

La coopération en matière de lutte contre le terrorisme demeure un impératif pour la Tunisie et l’Italie et nombre d’actions concrètent sont entreprises entre les deux pays sur les plans sécuritaire et militaires. Reste la situation en Libye. L’Italie vient de rouvrir son ambassade à Tripoli, comme d’autres pays. Le plus important est cependant d’œuvrer en faveur d’un dialogue inter-libyen. Cette position de principe ne saurait cependant se traduire par des initiatives concrètes que lorsque la nouvelle administration américaine révèlera sa politique pour la méditerranée en général et la région, en particulier. Il va falloir attendre l’entrée de Doald Trump à la Maison blanche, ce vendredi 20 janvier et laisser quelques semaines à son équipe pour prendre ses fonctions. Sans cependant relâcher l’attention et l’intérêt.
 
A noter que l'Italie est depuis le 1er janvier 2017 membre du Conseil de sécurité, qu'elle s'apprête à accueillir en mai prochain le Sommet du G7 et à célébrer le 60ème anniversaire des Traités de Rome. 
Taoufik Habaieb