News - 14.11.2016

Trump, Président : "Ex America Semper Aliquid Novi"

Trump, Président : "Ex America Semper Aliquid Novi",

Par Salah Hannachi, ancien ambassadeur - Ma femme Lynn, Américano-tunisienne du Kansas (elle ne s'appelle pas Dorothy !) n'en revient pas. Elle est profondément choquée et elle n'est pas la seule, ma fille mon fils, mes amis ici et à l'étranger, Américains et non Américains, et tous ceux à qui j'ai eu l'occasion de parler.

Le choc d'une situation presque comique où un billionaire qui, plus est, est un "yankee" de la Grosse Pomme, New York City, de Queens ,est le porte parole de la classe ouvrière, des démunis et des oubliés, de leur peines, de leurs inquiétudes, de leurs humiliations, etc. Il a donné une voix aux sans-voix de la majorité silencieuse, aux ouvriers blancs cols bleus, aux résidents des quartiers des zones urbaines délabrées des grandes villes, aux "Wasps" inquiétés par le "bronzage" de l'Amérique. Ce même Robin des Villes a conduit en même temps une jacquerie de "nuques rouges", les red necks du Mid West, du monde rural de l'Amérique profonde.

En plus quelle victoire ! Donald Trump a produit un véritable "Shock and Aw» ! Comme dirait un autre Donald, Donald Rumsfeld. 
Il a battu Hillary et Bill Clinton, Barak et Michèle Obama, Joe Biden, Warren Buffet, John Kerry et toute la Machine du Parti Démocrate. Non content de battre son adversaire, il a aussi battu l'establishment de son propre parti. Il a battu Jeff, George W, George le Père et toute la Dynastie Bush. Il a battu Mitt Romney, John McCain, "Little Marco" Rubio, Cruz, Carson, etc. et toute la Machine de son propre parti Parti Républicain.  Mais est-il vraiment de ce parti ? Il a battu tous les média. Il a battu Megyn Kelly de Fox News, Carol Costello de CNN,  ABC, etc. Il a battu tous les sondeurs et les experts analystes. En fait qui n'a-t-il pas battu? Poutine peut-être ! Peut-être aussi ceux en Floride et à New York à qui il a promis de transférer l'ambassade des USA de Tel Aviv à Jérusalem !

"Ex America Semper Aliquid Novi»! 

Il nous vient toujours du nouveau de l'Amérique pour parodier un proverbe grec repris par Aristote au 4ème siècle B.C dans son livre Historia Animalium et aussi dans son livre Generatione Animalium, et repris aussi plus tard par Pline l'ancien, un homme d’Etat et un historien romain du 1er siècle A.D, pour dire que de l'Afrique il vient toujours du nouveau, voir étrange et même bizarre.
Je ne peux pas m'empêcher d'être impressionné et d'être en "Aw" devant l'agilité, la vitalité, le dynamisme et la capacité de se réinventer du système politique américain. Il y a huit ans il  nous donnait en 2008 Barak Obama après George W. Bush' bouleversant l'image presque détruite des USA à l'étranger par la guerre de l'Iraq, et passionnant les jeunes à travers le Monde pour aller assister à la passation de pouvoir  le 4 Janvier à Washington !
Et rebelote!  bouleversant encore une fois l'image des USA en nous donnant cette année en 2016 Donald Trump après Barak Hussein Obama!
 

Comment l'a-t-il fait ?  

En s'adressant par-dessus les médias, par-dessus les analystes et par-dessus les partis et les structures à cette majorité silencieuse et en évoquant dans le langage qu'ils parlent chez eux devant la télé, et avec leur voisins, et collègues , franc et sans censure, vulgaire sans gêne, dans les restaurants "diners" des villages et des campagnes et des stations de repos sur les autoroute, où ils  prennent leur café et leur bière, en regardant les matchs de baseball ou de football(Américain). Il portait tout au long de la compagne la casquette que portent les ouvriers de son entreprise de construction. Il s'habillait comme ils s'habillent et parlait pour eux en disant tout haut en faisant les gestes qu'ils font  en pleine heure d'écoute, en pleine visibilité, et dans les débats ce qu'ils disaient tout bas, ayant peur de le dire ou ne trouvant pas de plateforme pour le dire et d'oreilles pour l'écouter et  l'entendre.
Il l'a fait en mettant à fond son expérience d'homme de terrain et son expérience de Reality Show pour évoquer dans le langage, la grammaire et les gestes qui sont les leurs, leurs inquiétudes, leurs peurs, leurs mauvais instincts, leur méfiance des "pointed heads" et des intellectuels, leurs inquiétudes de l'immigration et des tendances démographiques lourdes et d'un futur où ils deviendraient minoritaires et perdraient leur statut de Wasp, de blancs propriétaires légitimes  de l'Amérique, de son Histoire, et de sa Maison Blanche vers laquelle "les minorités" commencent à trouver leur chemin.
Il était leur candidat, n'appartenant pas aux dynasties comme les Kennedy, Bush ou Clinton. Il était le "underdog" que les Américains voulaient et adorent voir gagner.Ils étaient à travers lui chacun le candidat !  

Et maintenant ?

Plus que quiconque, en tant que candidat ne s'étant appuyé sur aucun lobby en particulier, bien au contraire, et n'ayant par conséquent de compte à rendre à aucun lobby, sauf celui de la Majorité Silencieuse et de l'Amérique Profonde, sans aucun doute attentif aux protestations post-électorales, et soucieux de la préservation de ses chances pour un deuxième mandat, Trump ne manquera pas d'ajuster son jeu. Mais ce faisant, il ne prendra en compte que les intérêts des USA. Quant à la politique étrangère de l'administration Trump, comme l'a souligné SE Daniel H. Rubinstein, l'Ambassadeur des USA en Tunisie, lors du petit-déjeuner post électoral organisé par l’AmCham Tunisie le mercredi 9 novembre à l'Hôtel de Paris, elle ne s'écartera pas beaucoup de ses lignes de force actuelles. La Politique étrangère américaine est non-partisane, ce qui ne veut pas dire qu'elle est bipartisane, a-t-il pris soin de dire. Elle est basée sur des valeurs et des intérêts et donc caractérisée par une forte continuité d’une administration à l'autre, même quand les deux administrations qui se succèdent ne sont pas du même parti. Ceci est particulièrement vrai pour la Tunisie, a-t-il pris soin de dire aussi pour rassurer et peut-être caresser l'auditoire, avec laquelle les USA partagent des valeurs et des intérêts. 
 
En I877, le Conseil des Trustees du Musée National de l'Afrique du Sud, jouant sur le concept et la théorie des anthropologues de l'époque, déclarant que l'homme est sorti de l'Afrique, «Out of Africa", que l'Afrique est le berceau de l'humanité, ont redonné un tour d'optimisme et d’espoir au proverbe grec et ont choisi comme devise à leur musée et aux chercheurs «Ex Africa Semper Aliquid Novi". 
 
Espérons donc que dans sa magistrature Trump nous prouvera tous faux comme il l'a fait pour les élections et que   "Ex Trump Semper Aliquid Novi". 
Salah Hannachi
Ancien ambassadeur