Opinions - 09.06.2016

Le gouvernement qu’il nous faut : ni technocrates, ni indépendants, ni consensus aveugle...

Le gouvernement qu’il nous faut : ni technocrates, ni indépendants, ni consensus aveugle

Par Zeineb Turki - L'initiative du président de la République a le mérite de susciter le débat au sein de la classe politique tunisienne et même plus largement. Mais que devrions-nous attendre d'un nouveau gouvernement ?

Le gouvernement Essid (dans ses deux versions) a fait des choses notables et a permis une stabilité nécessaire à un moment crucial. Mais pourrions-nous vouloir plus ? Espérer plus ? Pousser vers plus ? Oui !
Désormais, nous pourrions vouloir avancer plus et plus rapidement à mi-mandat et essayer d'avoir un gouvernement politique encore plus cohérent, fort (largement et réellement soutenu par le parlement), solidaire et réduit dans une recherche d'efficacité optimale. 
Nous pourrions avoir un gouvernement charismatique, ambitieux et attaché aux réformes qui profitera des 100 premiers jours non pas pour définir l'état des lieux mais pour lancer les réformes et passer le reste du mandat à les mettre en place.
Nous pourrions vouloir un gouvernement qui pourrait rétablir la confiance avec la population, rassurer les acteurs économiques et dialoguer avec les partenaires sociaux.
Nous pourrions vouloir un gouvernement réuni autour d'un programme commun et qui répondra de son bilan aux prochaines échéances électorales avec ses différentes composantes. Les priorités ayant été définies dans le discours de Béji Caïd-Essebsi et détaillées dans le plan de développement pour lequel l'on s'apprête à lever des fonds : Nous passons désormais des déclarations d'intention à la réalité papable.
Et dans un souci de responsabilité, ce gouvernement d'union nationale devra être composé de femmes et d'hommes politiques qui devront répondre de leur bilan devant les électeurs. Ce n'est plus le moment des technocrates ni des indépendants ni du consensus aveugle. C'est le moment de la démocratie, des partis et des institutions, le moment de juger la solidité de ce que nous avons construit et ce que nous continuons à construire non sans difficultés.
Je ne dis pas que c'est ce que nous aurons. Je dis juste que l'initiative du président de la République ouvre la voie à cette possibilité et que je préfère m'attendre au meilleur (tout en anticipant le pire). 
Zeineb Turki