News - 04.04.2016

Un débat sur Lamine Bey tourne au procès contre Bourguiba ?!

Un débat sur Lamine Bey tourne  au procés contre Bourguiba ?! hAMD

Que la Fondation Témimi consacre un séminaire à la dynastie husseinite et tout particulièrement au dernier monarque de cette dynastie, Lamine Bey 1er, quoi de plus normal pour une institution dédiée « à la mémoire nationale ». Ce qui l’est moins, c’est qu’on ait invité ou permis d’y prendre part, à côté de membres de la famille beylicale dont le Pr Mokhtar Bey, juriste de renom et fils d’Ahmed Bey II et d’un certain nombre de… députés et dirigeants nahdhaouis, les « cheikh » El Almi et Hentati. Ces derniers vont jouer le rôle de trublions tirant constamment les débats vers le bas, alors qu'on s’attendait à des échanges de qualité et surtout à des débats dépassionnés, le temps ayant fait son oeuvre puisque les faits remontent à soixante ans, on a eu droit à des propos scandaleux de la part des deux énergumènes. Principal objet de leur ressentiment, Bourguiba, a été tour à tour qualifié de « criminel suprême» et de «traître à la cause de la religion et de la patrie». Ou comment un débat académique sur la réhabilitation du Bey a tourné au procés contre Bourguiba. 

Dommage, car le sujet méritait mieux. Lamine Bey avait un pêché originel : il avait accepté de succéder au roi Moncef Bey, sans doute le roi le plus aimé des Tunisiens.Il a eu beau prendre des mesures courageuses comme en 1951 après la rejet des revendications tunisiennes par Robert Schuman le 15 décembre de la même année et autorisé son gouvernement à porter plainte contre la France aux Nations Unies qui siégeaient alors à Paris, il restera, à tort ou à raison, aux yeux de beaucoup de ses compatriotes l'usurpateur. Il a été également mal inspiré en cautionnant les réformes Mzali-Voizard en 1954. Mais de toute évidence, ni lui, ni sa famille ne méritaient  le sort qui leur été réservé en 1957. Ce débat a été malheureusement escamoté par les outrances verbales des deux faux cheikhs.

A quelques jours de la commémoration de sa mort, Bourguiba est l'objet d'une campagne de dénigrement. Le président de la République annonce-t-il le prochain retour de la statue équestre de Bourguiba ? On pousse aussitôt des cris d'orfraie dénonçant pêle mêle «les adôlatres» et «les nostalgiques du culte de la personnalité». Le ministère de l'Education demande-t-il aux professeurs de consacrer une heure le 6 avril  à Bourguiba, le syndicat de l'enseignement secondaire appelle ses adhrents à ne pas respecter la consigne, alors que depuis Londres, Hachemi Hamdi dénonce le retour «des basses flatteries (tbendir).