News - 05.04.2016

Le musée Bourguiba, place du Leader à Tunis : un lieu de mémoire (Photos et Vidéo)

Le musée de la place du Leader Un homme, un lieu de mémoire

Du haut de la place du Leader, jadis place aux Moutons, se dresse le musée dédié à la mémoire de celui qui présida aux destinées de la Tunisie pendant près d’un demi-siècle: Habib Bourguiba, leader de l’indépendance, premier Président de la République Tunisienne et bâtisseur de la Tunisie moderne.

La demeure, autrefois propriété de la famille Ben Hamouda, fut habitée au début des années trente par un jeune couple locataire: Habib Bourguiba, sa femme Mathilde Lorrain et leur jeune fils Habib Bourguiba Junior. Avide de lecture, de théâtre, de littérature, de pensée positiviste et d’histoire de la civilisation, Habib Bourguiba rentrait de Paris après avoir obtenu sa licence à la faculté de Droit et son diplôme de l’Institut des sciences politiques. La France des lumières, la France des droits de l’Homme le fascinait mais la France des colons le révoltait. En 1931, il ouvre son cabinet d’avocat au 158 rue Bab Souika, mais le journalisme est sa première forme d’action politique.

Pendant cinq années, de 1929 à 1933, avec des jeunes et fervents nationalistes: Mahmoud El Matri, Tahar Sfar, Bahri Guiga...à travers les journaux l’Etendard Tunisien, La Voix du Tunisien puis l’Action Tunisienne, il s’attache à une analyse approfondie du fait colonial. Ses articles traitant du budget tunisien, du protectorat, des déboires du fellah, de la naturalisation... firent sensation dans les milieux nationalistes mais aussi au sein de la colonie française.

Le 13 mai 1933, il est intégré à la commission exécutive du Parti libéral constitutionnel tunisien, le Destour. Des divergences sur les méthodes d’action et la stratégie de la lutte l’amènent à quitter ce parti et fonder, le 2 mars 1934, à Ksar Hellal, le Néo-Destour.

Le journaliste, secrétaire général du Néo-Destour, se révèle un grand tribun, parcourant avec ses compagnons villes et campagnes, secouant la conscience nationale. Attentives à la tournure des évènements, les autorités coloniales l’arrêtent et le bannissent avec d’autres militants, le 3 septembre 1934, aux confins sahariens à Bordj-le-Bœuf. Ce fut la première épreuve de force qui marqua un tournant dans sa vie de militant.

De sa demeure de la place du Leader, il sera à deux reprises conduit en prison et banni du territoire tunisien : le 9 avril 1938 puis le 18 janvier 1952. L’histoire retiendra de ce leader son rôle visionnaire dans le processus de libération nationale. En effet, de ses lieux de détention de Bordj-le-Bœuf à l’île de Groix (août 1954), en passant par les prisons de La Kasbah de Tunis, de Téboursouk, de Remada, du fort Saint-Nicolas, de l’île de La Galite, sa détermination n’a jamais fléchi, ses préférences allèrent toujours à la lutte politique et à la négociation.

 

Le 1er juin 1955, de retour d’exil, Habib Bourguiba est accueilli triomphalement par le peuple tunisien à La Goulette mais aussi devant sa demeure place aux Moutons. Au début des années soixante, la place est réaménagée, faisant table rase des constructions tout autour dont la maison du docteur Materi, un fervent militant et compagnon de lutte.

La demeure, cédée par son propriétaire au parti destourien, est affectée au ministère de la Culture (Institut national d’archéologie et d’art) en tant que musée. Aujourd’hui, le musée de la place du Leader est un lieu de mémoire à un triple niveau: matériel, symbolique et fonctionnel. Mémoire matérielle de par son contenu, fonctionnelle par hypothèse puisqu’elle assure la cristallisation du souvenir et sa transmission, mais symbolique par définition puisqu’elle renvoie à des évènements historiques et au vécu d’un leader qui a marqué l’histoire contemporaine de son pays, du tiers monde, du XXe siècle.

Au rez-de-chaussée du musée, tous les meubles du vécu du leader sont conservés

dans leur état originel:

  • La chambre à coucher de Habib Bourguiba,
  • La chambre de Mahmoud Bourguiba,
  • La chambre de Habib Bourguiba Junior,
  • Le bureau du jeune avocat: bureau et bibliothèque,
  • Salon et salle à manger,
  • Meubles de cuisine.

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