News - 07.03.2016

Ben Guerdane : Retour sur une journée meurtrière qui a vu le rêve des terroristes s'évanouir

Ben Guerdane : Retour sur une journée meurtrière

Jamais la localité de Ben Guerdane, dernière ville tunisienne avant le poste frontalier avec la Libye Ras Jedir n’avait connu auparavant une journée aussi ensanglantée, de terreur, de tirs nourris de feu, d’affrontements entre des dijhadistes terroristes et forces sécuritaires et armées. Aux premières lueurs de l’aube, l’appel à la prière était souillé par les coups de feu des assaillants qui s’attaquaient simultanément à la caserne de l’armée et aux sièges de la Garde nationale et de la Police. Des assassins s’en prenaient au chef de la brigade anti-terrorisme de la Garde nationale, ciblé directement chez-lui, et à un douanier, personnellement visé. D’autres complices lançaient par mégaphone au centre-ville des appels au soulèvement.

Malgré les premières victimes déplorées, la riposte des forces sécuritaires et armées n’a pas tardé et les renforts ont afflué. L’aviation militaire est mise à contribution. La confrontation aura été très rude et se poursuivra tout au long de la journée. Pas moins de 37 terroristes ont été tués et 7 autres capturés. La liste des martyrs, civils et en uniforme, sera lourde : 18 morts. Parmi eux figurent 6 gardes nationaux, 3 sécuritaires de la Police, 1 militaire, 1 douanier et 7 civils. Le nombre des blessés s’élève, selon un bilan arrêté à 20 heures, à 15 dont 7 militaires et 5 sécuritaires. Fait remarquable qui sera unanimement salué, cette fraternisation émouvante entre la population et les forces sécuritaires et armées. 

A Tunis, tôt le matin, le chef du gouvernement Habib Essid s’est réuni avec les ministres de l’Intérieur et de la Défense qu’il a immédiatement dépêchés sur les lieux, avant de se rendre au palais de Carthage, se concerter avec le chef de l’Etat. Un couvre-feu nocturne est décrété dans la ville, de 19 heures à 5 heures du matin et les frontières avec la Libye, fermées. Mardi matin, il réunira le conseil des ministres en session spéciale.

Béji Caïd Essebsi s’empressera de condamner cette attaque, en direct sur Radio Tataouine, largement suivie dans la région puis se rendra au centre de commandement opérationnel de la Garde nationale à la caserne d’El Aouina. Visiblement ému, il affirme que la Tunisie est résolument en guerre contre cette barbarie et ces rats qu’elle ne manquera pas d’exterminer

Mohamed Ennaceur, président de l’Assemblée des représentants du peuple s’entretiendra longuement avec le chef de l’Etat à Carthage, convoquera les membres du bureau de l’Assemblée et les présidents des groupes parlementaires, et invitera les ministres de l’Intérieur et de la Défense à une séance plnaière à huis-clos.

Le chef d’Ennahdha, Rached Ghannouchi, se maintiendra en contact permanent avec Caïd Essbsi et Essid, réunira le bureau exécutif de son mouvement, tiendra une conférence de presse et invitera les quatre partis de la coalition au pouvoir à une réunion urgente. Les dirigeants des partis et organisations nationales se fendent en communiqués de dénonciation du terrorisme.

De Paris, le président François Hollande exprime "son soutien et toute sa solidarité à la Tunisie". Cette attaque ne fait que renforcer l'urgence d'une solution politique en Libye », souligne de son côté le Quai d’Orsay. D’autres capitales arabes, africaines et occidentales témoignent de leur soutien à la Tunisie. 

La nuit tombe ce lundi soir sur Ben Guerdane qui pleure ses martyrs dans une étonnante dignité et forte détermination à rester debout et tenir tête aux terroristes. Elle ne sera pas une nouvelle "Rakka". La communion avec les forces sécuritaires et armées est totale, émouvante. L’ennemi commun est à combattre ensemble.

La Tunisie s’engage de nouveau dans cette âpre guerre, payant le lourd tribu du voisinage avec la Libye et son attachement à la modernité et à la démocratie.