News - 23.06.2016

En première ligne sur la frontière tuniso-libyenne : comment la Tunisie se protège contre le terrorisme et la contrebande (Vidéo)

En première ligne sur la frontière tuniso-libyenne : comment la Tunisie se protège contre le terrorisme et la contrebande  (Vidéo)

Mguissem, sur la frontière tuniso-libyenne – De l’envoyé spécial de Leaders, Taoufik Habaieb. Aux fins fonds du désert, en partant de Ben Guerdane, c’est une véritable performance que le ministre de la Défense, Farhat Horchani a révélée samedi à des envoyés spéciaux de la presse tunisienne et étrangère.

Accompagné du chef d’Etat-Major de l’armée de Terre, le Général de brigade, Ismail Fathalli et d’officiers supérieurs, il inspectait la fin des travaux d’un dispositif crucial pour la sécurisation des frontières. L’armée tunisienne a en effet finalisé le creusement d’une tranchée adossée à un rideau de remblais de sable s’étendant sur près de 250 km, en dix segments successifs, sur les frontières tuniso-libyennes. 

Partant de Ras Jedir et aboutissant jusqu’à Dhibet, ce dispositif sécuritaire est mis en place dans le territoire tunisien à une distance de 2 à 3 km des limites frontalières avec la Libye, et il doté de quelques points de passage gardés réservés notamment aux troupeaux accompagnés. Il vise à assurer le maximum de verrouillage des frontières et leur étanchéité contre l’émigration clandestine, la contrebande, le trafic des armes et l’infiltration des terroristes, a indiqué à Leaders une source militaire. Les vocables de l’armée sont précis : ce n’est pas un mur, mais un rideau ; ce n’est pas d’une étanchéité totale, mais, on a le maximum de verrouillage possible. Le dispositif sera renforcé.

Des moyens électroniques additionnels d’un appoint considérable

Si l’étanchéité totale reste un objectif à atteindre avec le déploiement d’un système de contrôle électronique composé de caméras de surveillance et autres équipement de détection comme les radars, le dispositif est désormais opérationnel. Grâce à la coopération technique fournie par des pays amis de la Tunisie, notamment les Etats-Unis et l’Allemagne, des équipements, moyens informatiques de renseignements et formation en analyse et traitement de données seront d’un appoint considérable. Mais, d’ores et déjà, le nouveau dispositif a commencé à produire ses résultats, ajoute la même source. 

Selon le Colonel major, Commandant de le 1ere brigade d’infanterie mécanisée, Mohamed Chihaoui, commandant de la 1ère Brigade d’infanterie mécanisée, la valeur des produits de contrebande saisis qui était de 500 000 D en janvier 2015, a atteint plus de 2 MD en décembre 2015 après la fin des travaux. Le nombre de tentatives d’infiltration d’armes et de terroristes n’a pas été précisé, mais tout porte à croire qu’il est important. Sur le terrain, les éléments du 33eme Régiment  de reconnaissance, assurent une surveillance rigoureuse, avec des blindés, différents types de véhicules militaires, notamment des 4*4 ultra-rapides, puissantes et armées et bénéficiant d’une couverture aérienne d’appareils de l’armée de l’air.

L’un des plus grands chantiers dans le désert tunisien

Les travaux prévus sur une durée d’un an ont pu être achevés en quatre mois seulement grâce à l’implication intensive du Génie militaire et des différentes autres unités concernées de l’armée et aussi des différents établissements de l’Etat. Pas moins d’une dizaine de compagnies tunisiennes spécialisées ont été mise à contribution, bénéficiant de l’appui logistique de l’armée qui a organisé l’acheminement des engins, assuré l’hébergement des personnels, la logistique et la sécurisation des chantiers.

Premier effet tangible, outre la dissuasion d’un grand nombre de trafiquants et terroristes est sans doute la réduction de leur mobilité. Ralentis par la nécessité de s’ingénier à trouver la faille pour surmonter la tranchée, puis le rideau de sable, ils encourent de réels risques de se faire repérer et arrêter par les forces armées. Ce dispositif est renforcé par une série de miradors implantés tous les 10 à 15 km, d’où des éléments de l’armée tunisienne assurent une surveillance continue, jour et nuit. Egalement, des unités spéciales sont déployées dans l’ensemble de cette zone militaire, également couverte par l’armée de l’air. 

Coordination et appui logistique

Un exercice de simulation portant sur la détection d’intrus (contrebandiers et/ou terroriste), présenté à cette occasion, démontre la coordination efficace entre les troupes terrestres et l’armée de l’air, permettant une neutralisation immédiate des contrebandiers et leur arrestation. Dans cette zone militaire immense, où à perte de vue, on ne croise souvent aucune âme qui vive, hormis rarement quelques troupeaux de chameaux sans bergers et autres menus cheptels gardés, l’ampleur de la surveillance exercée par l’armée souligne l’importance de la tâche accomplie. 

Il suffit de penser aux exigences d’intendance, de transmissions, d’appui logistique, de coordination et de sécurisation. Voir tant de valeureux militaires, braver le froid du désert en hiver et la chaleur torride en été, avec un esprit républicain, patriotique et dévoué, est absolument édifiant sur le rôle de l’armée tunisienne en ce contexte très particulier que vit la Tunisie pour la première fois.

T.H.

Vidéo de Maroua Makni (à suivre)

 

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