News - 06.12.2015

Le lobbying investit le Bardo

Le lobbying investit le Bardo

Mabrouk! Les lobbyistes de tous bords font une entrée remarquée dans les halls de l’Assemblée des représentants du peuple, au Bardo. Un peu à l’instar de ce qui se passe au Capitole, toutes proportions gardées, où des influenceurs patentés et dûment déclarés opèrent au détour des colonnes, le phénomène commence à prendre forme chez nous. Il a été relevé récemment lors des travaux en commissions, surtout pour la commission des finances lors de l’examen de la loi de finances pour 2016. Des groupements industriels privés se sont en effet employés à plaider en faveur de la baisse de droits de consommation et taxes concernant certains produits alimentaires.

En fait, la démarche n’est pas nouvelle. Du temps de l’Assemblée nationale constituante, des groupes d’influence dans le secteur de l’énergie avaient maintenu une forte pression pour bloquer certains projets de loi et faire adopter l’article 13 de la Constitution. C’est inévitable et de bonne guerre, estiment des spécialistes de la vie parlementaire, à quelques conditions, cependant, soulignent-ils. D’abord, pratiquer un lobbying enrichissant des débats, fournissant aux élus de la nation des notes, analyses et recherches de qualité à même de développer leurs argumentaires et d’approfondir le débat démocratique par le point de vue de différents groupes d’intérêt. Et, surtout, agir en toute transparence, en s’inscrivant dans un registre de lobbyistes et de déclarer toute cause défendue et l’identité de ceux qui la soutiennent.

Le président de l’ARP, Mohamed Ennaceur, ancien ambassadeur représentant permanent de la Tunisie auprès de l’ONU et de ses agences spécialisées à Genève, connaît bien le système. Il lui appartient de lancer la réflexion sur la question afin de mettre en place les garde-fous nécessaires.