Hommage à ... - 30.11.2015

Hommage à Farouk Mechri, par Fadhel Moussa

Hommage à Farouk Mechri

Notre peine est immense. Son décès est une vraie douleur. 

Farouk Mechri est professeur agrégé des facultés de droit (assis sur la photo, 4ème à partir de la gauche). Il a enseigné à la faculté de droit de Tunis depuis 1973. Il a été ensuite et depuis 1987 l’un des fondateurs de la faculté des sciences juridiques politiques et sociales de Tunis. Il a enseigné le droit de la famille, la procédure civile, le droit des obligations, le droit civil comparé, le droit du travail, l'arbitrage commercial international, le droit, commercial. Il a publié plusieurs ouvrages : Leçons de droit commercial ; L'enfant objet et sujet d'affection, une approche juristique des rapports parents-enfant en droit tunisien et en droit comparé ; Le droit des entreprises en difficultés économiques ; Le droit du travail en Tunisie.
 
Farouk Mechri était très apprécié par ses collègues et par des générations d’étudiants pour son érudition, ses grands talents d’orateur détaché de ses notes, de pédagogue au sens hellénique du terme mais surtout pour sa bonne compagnie et pour son sens ou plutôt son art de l’humour. Il excellait avec finesse et imagination et ne ratait aucune occasion pour glisser une note d’esprit. C’est sans doute l’influence du doyen Jean Carbonnier, directeur de sa thèse. Il ne cachait pas la vénération qui lui portait qui est attesté par l’ouvrage qu’il lui a dédié : « l'humour et le droit : Un hommage rendu au Doyen Jean Carbonnier ».
 
Mais c’est un tout autre ouvrage qu’on attendait, cette année, un ouvrage pour lui et non de lui, ce sont les mélanges qu’ils lui seront offerts et qui sont enfin chez l’imprimeur. Deux volumes, un record d’articles, la cérémonie de leur remise est prévue pour Mars 2016 m’a-t-il dit, il y a à peine quelques jours. Il y a consacré près de quatre ans de préparation, il voulait une contribution maximale. 
 
Quand il m’a informé des reports successifs des dates de la cérémonie je lui ai dit d’arrêter d’attendre les retardataires et d’autoriser la publication. Il m’a rétorqué tant que je n’ai pas ta contribution je ne les publierais pas et « J’attendrais encore, je te dirais, à toi qui affectionne Victor Hugo et son ultima verba, que « s’il n’en reste qu’un tu seras celui-là ». Je sais qu’il le disait à d’autres aussi.
Je ne l’ai pas laissé attendre davantage et je lui ai remis un article dont l’objet est en relation avec un cours qu’il assurait aux étudiants de mastère et dont j’ai pris plus tard la succession. 
 
J’ai intitulé cette contribution : « Quelle justice voulons-nous ? Le procès équitable dans la nouvelle Constitution tunisienne ». J’ai choisi pour l’introduire, comme d’usage, les phrases suivantes : « Ce thème est cher à notre cher collègue et ami Farouk Mechri qui a assuré brillamment pendant plusieurs années l’enseignement du droit processuel, c’est pourquoi je l’ai choisi en cette occasion pour l’honorer.
 
J’espère que ces témoignages confirmeront ce qu’il a toujours pensé être juste»  
 
Ce n’est que justice de lui dire : Repose en paix. La vie ne dure qu’un instant. Nous ne t’oublierons pas. 
 
Fadhel Moussa
Professeur et ancien doyen de la faculté des sciences juridiques politiques et sociales de Tunis, Université de Carthage
 
Légende photo: Assis à partir de la gauche: Fadhel Moussa, Dli Jazi, Soukeina Bouraoui et Farouk Mechri. Debouts: Moncef Jerraya et Yadh Ben Achour, lors de la Fête de fin d'année à la Faculté des Sciences juridiques, juillet 1991