News - 15.11.2015

L'Etat et la presse : Questions au gouvernement

Questions au gouvernement

S’il n’a pas eu jusque-là le temps de s’en occuper, le chef du gouvernement, Habib Essid, doit s’y pencher sérieusement dans les délais les plus brefs. Le dossier du secteur de la communication est aussi urgent qu’important. Ses prédécesseurs, chacun pour de propres raisons, ont privilégié leur communication à soigner, essayant d’entretenir — pas toujours— de bonnes relations avec les différentes corporations et les multiples acteurs. Quelques menues améliorations ont été obtenues, sans pour autant que les questions de fond soient traitées.

Mehdi Jomaa a raté l’occasion de le faire. Il voulait s’adjoindre un conseiller chargé des questions « techniques » du secteur, qui prendrait le relais, sous une nouvelle formule, de l’ancien ministère de la Communication. Les attributions sont multiples : tutelle administrative des entreprises publiques (La Presse, Assahafa, l’Agence TAP, la Radio et la Télévision tunisiennes, le Centre de documentation nationale, etc.), celle des médias totalement ou partiellement confisqués (Radio Zitouna, Dar Assabah à 70%, Shems FM à près de 90%, etc.). Mais aussi l’octroi de la carte professionnelle, l’accréditation des journalistes étrangers et correspondants de presse, les relations avec la Haica, les syndicats des journalistes et directeurs de journaux, les questions juridiques, l’aide de l’Etat, la publicité publique et les abonnements, etc. Un bon candidat, universitaire et expert international reconnu, à l’époque chargé de mission déjà au cabinet, avait été pressenti, un premier entretien a même eu lieu, puis c’est tombé à l’eau. L’urgence du quotidien l’avait, disons, emportés.  Habib Essid a aujourd’hui à ses côté un directeur de cabinet, Taieb Youssefi, qui est issu du milieu. Ancien journaliste, conseiller de presse et PDG de l’Agence TAP, il connaît bien le secteur. Dhafer Néji, conseiller pour la culture et la communication, sera également utile. Mais la désignation d’un conseiller Ú Útechnique qui se consacrera à la tâche est vivement souhaitée. Il lui appartiendra de dépoussiérer les dossiers et d’instaurer la concertation avec les parties concernées.

En attendant, Leaders a adressé les questions suivantes au cabinet du chef du gouvernement. Les délais de bouclage étant limités et les questions exigeant sans doute des décisions officielles, nous publierons les réponses dès leur réception.

  1. Comment le gouvernement exerce la tutelle administrative, juridique et technique sur le secteur de la communication? A travers quels mécanismes et avec quels moyens?
  2. Comptez-vous prendre des mesures concrètes pour réorganiser le dispositif de l’aide de l’Etat aux entreprises de presse, en appui direct et incitations fiscales et parafiscales à l’investissement et la modernisation des équipements?
  3. La redevance sur les postes radio et récepteurs TV est-elle suffisante pour subvenir aux besoins des médias publics et sera-t-elle élargie au bénéfice des médias privés? Sous quelles conditions?
  4. La gouvernance des médias publics et des médias confisqués sera-t-elle révisée? De quelle manière?
  5. Quelle stratégie sera décidée en faveur de l’Agence TAP?

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