Lu pour vous - 01.03.2010

Shadharat d'Aïssa Baccouche

ShadharatSociologue, ce Sadikien-Sorbonnard, ancien Maire de l’Ariana, la Ville Roseraie, est aussi un fin observateur de la société tunisienne. A travers des billets percutants, publiés, parfois, dans la presse ou, jalousement gardés dans ses carnets, il  croque villes et villages, saints et scènes, comportements et attitudes… Aissa Baccouche, cet ancien militant estudiantin (Secrétaire Général de l’UGET), garde à 65 ans, la verve de ses vingt ans, à la courtoise et féroce. Une férocité adoucie, il est vrai, par l'âge. Dans son septième livre «Shadarat», qu’on peut traduire, selon Mustapha Attia, par « Fragments », pour rappeler les débris d’or, il nous livre en 77 billets qui ne dépassent guère chacun les deux pages, un survol de la Tunisie.

Rien n’échappe à sa plume. Ni l’évocation de la médina, celles du Kef, de Jendouba, de Kairouan, du Djérid, de sa Djerba originelle, ou encore de Paris, du Caire, avant de  rappeler  à notre bon souvenir Abdelaziz Laroui, dessiner le portrait de Hammadi Hallak, pleurer le 5 juin 1967, ou s’attarder sur les dérapages linguistique de la publicité… Bref, des textes courts, savoureux, vifs et alertes, avec, tels des blogs, une instantanéité d'une grande fraîcheur qui n'exclut pas la profondeur de la réflexion.

Aissa Baccouche a toujours été un novateur et un lanceur d'idées. On lui doit l’usage du terme Mountazah, le festival de la Rose, l’idée de transférer la capitale à l’Enfidha et mille autres ingéniosités. L’écouter intervenir lors de symposiums et séminaires est déjà un immense plaisir. Le lire, en arabe comme en français, l’est autant, si non plus. « Shadharat » offre, inéluctablement, au lecteur des moments agréables et délicieux de lecture et d’immersion dans la pensée d’un « Jeune Tunisien » post soixante-huitard, toujours sur le pont.

« Shadhart »
Aissa Baccouche, Février 2010, 130 pages, 5DT