Opinions - 04.09.2015

Hatem M'rad: Réconciliation Toujours

Réconciliation Toujours

La réconciliation est un sujet vital dans l’avenir d’un peuple. Ceux qui ne l’ont pas compris se trompent de valeurs et de siècle. Il y a mille sortes de réconciliation, l'une n'exclut pas l'autre.La Tunisie est un petit pays qui, quoi qu’on en dise, ne supporte pas trop les déchirements excessifs et la violence faite d’une catégorie politique sur une autre. Hier, c’était les Destouriens bourguibiens contre les youssefistes, puis contre le reste de la population ; puis on a eu les Rcédistes contre tout le peuple ; après la révolution, tout le monde était contre tout le monde dans la nouvelle confusion politique ; après le 23 octobre, islamistes et laïcs s’entre-déchiraient en raison de la violence des premiers ; après les élections législatives et présidentielles, un certain équilibre politique est apparu, mais la haine gronde toujours à l’égard de l’ancien régime dont les souvenirs sont encore vivaces.

 

Or les petits pays ont besoin d’être à la fois démocratiques et consensuels. La Tunisie est un peuple homogène ethniquement, qui a une mentalité commerçante, qui a expérimenté le compromis malgré l’autoritarisme. Tous les ingrédients d’un peuple pacifique. Un peuple réconcilié, apaisé est dans une meilleure posture qu’un peuple toujours déchiré (comme le sont les pays arabo-musulmans courant d’un échec à un autre). Il sait dépasser la haine, les règlements de compte sous prétexte de justice ou d’éthique ou de Vérité. La haine nie, la réconciliation intègre. Or, une bonne politique est celle qui est la plus intégrationniste. Autrement, on est dans l’exclusion.

 

Les non démocrates, quels qu’ils soient, ancien régime ou islamistes d’hier, qui niaient les droits des peuples, ce même peuple, désormais démocrate, pourrait leur faire droit malgré tout, pour enfin passer à un stade supérieur et aspirer finalement à la stabilité et la sérénité authentique. C’est au prix d’une difficile lutte contre soi-même, on n'en disconvient pas.

 

Dépasser sa haine, c’est déjà une victoire. C’est mieux que de chercher toujours à casser son adversaire d’hier, à le rejeter de manière abjecte et de pérenniser la rancœur. On peut pardonner, réconcilier, sans renier toute justice, sans oublier. Un des impératifs catégoriques de Kant recommandait de faire son devoir par pur respect du devoir, sans plus, sans chercher autre réciprocité, sans chercher à se comporter comme les autres ou à adopter la méthode de ses adversaires. On ne tend pas l’autre joue, mais on réconcilie ce qui peut être réconciliable et on punit ce qui doit être punissable. C’est toute la différence entre eux et nous. Civilisé, il faudrait l’être aussi en politique. «C’est (aussi) ça la politique»

H.M.