Opinions - 10.08.2015

Le terrorisme ne peut être éliminé sans lutter efficacement contre la corruption et la contrebande (propositions de solutions)

Le terrorisme de ne peut se battre sans lutter efficacement contre la corruption et la contrebande - proposition de solutions

La corruption, la contrebande et le terrorisme sont liés. Les liens entre ces fléaux sont établis et prouvés. Le terrorisme trouve son financement dans la contrebande et ouvre les portes en utilisant la corruption. La contrebande assure l'acheminement des armes et des munitions et assure la logistique des terroristes moyennant protection, c'est un système basé sur le win-win où tous les protagonistes ont un rôle et un intérêt.

Parler de lutter contre l'un sans les deux autres est utopique et ne mène à rien. Il faut lutter contre les trois en même temps. De même que se contenter de petites mesurettes ne résoudra nullement un problème aussi complexe dont les intérêts des protagonistes sont aussi enchevêtrés.

Continuer les efforts louables de l'armée et des forces de sécurités contre le terrorisme, accroître les opérations de surveillance, de renseignement et d'infiltration par les forces spéciales, continuer les actions préventives contre les terroristes et leurs bases arrières et logistiques, renforcer la surveillance des frontières... Toutes ces actions conjuguées avec une justice efficace porteront des coups directs au terrorisme, mais elles ne suffiront pas.


Si on la veut efficace, la lutte contre le terrorisme ne peut se concevoir sans la conjuguer avec des actions contre la contrebande et contre la corruption qui sont de fait les mamelons qui le nourrissent. Il faut que l'état frappe fort et d'une façon simultanée sur les trois fronts


Une des actions des plus efficaces et à effet immédiat contre la contrebande est de changer les billets actuels de 5, 10, 20, 30 et 50 DT et définir  une date de collecte et d'échange des billets en circulation. L'échange du liquide ne se fera que sur des comptes bancaires. Cette mesure permettra de mettre en circulation traçable et son injection immédiate dans l'économie légale l'énorme masse monétaire actuellement stockée et utilisée par les contrebandiers. Il faudra accorder un délai d'échange relativement court de l'ordre de 4 à 6 mois. Au delà de cette date les anciens billets ne sont plus considérés valides.


Il faudra aussi interdire toute transaction financière en liquide supérieure à 800-1000 DT. Aucun paiement en liquide supérieur à ce plafond n'est autorisé. Seuls les chèques et de préférence les cartes de paiement sont valables pour les opérations d'un montant supérieur car ces moyens de paiement assurent une traçabilité complète des flux financiers. La mise en place de cette mesure doit s'accompagner par le renforcement de la "bancarisation" des tunisiens, l'allègement des coûts des opérations bancaires. Les banques publiques et la poste doivent faire un effort pour ouvrir à chaque tunisien de plus de 16 ans un compte gratuit et sans frais, fournir un chéquier ainsi qu'une  carte de paiement à bas coût dès 18 ans.


Je propose également de fixer un délai de 12 mois pour les acteurs de l'économie parallèle pour rentrer dans l'économie formelle moyennant le payement des taxes (15%) et le respect des règles du commerce ainsi que des lois fiscales sans aucune autre poursuite. Au delà de cette date, l'état doit sévir et mettre fin aux activités illicites par la force.


Afin d'améliorer la collecte des taxes et s'assurer de la limitation de l'économie parallèle, nous nous devons également de nous assurer de la traçabilités des transactions commerciales en intensifiant les contrôles des entreprises, des commerçants et des artisans. Il faut créer le statut d'entrepreneur indépendant avec obligation de déclaration de revenu, de délivrance de reçus et avec une comptabilité simplifiée mais contrôlable. 


Pour lutter contre la corruption, il faudra obliger chaque agent de la fonction publique à porter durant ses heures de travail un badge affichant un numéro d'identification (un matricule) clairement  visible et en gros caractères.  Ceci est valable pour chaque fonctionnaire ou assimilé , depuis le Chaouch de l'accueil jusqu'au plus haut directeur de l'administration, en passant par les agents des guichets de l'administration et des sociétés nationales étatiques ou  semi-étatiques et les agents de douane et de police. Une loi doit obliger chaque agent à veiller à ce que le citoyen qui le désire puisse examiner et noter le matricule de l'agent public avec qui il a à faire. L'intensification et le renforcement du rôle des services de contrôle interne et de police des polices doit être plus visible et plus opérant.


Il faut également mettre  à la disposition des citoyens un numéro vert pour informer de toute affaire ou tentative de corruption de la part d'un agent de l'état. Le citoyen doit communiquer son identité, le numéro d'identification de l'agent incriminé. Un service de lutte contre la corruption de l'administration prendra en charge l'investigation et le transfert vers la justice des dossiers établis. Il faudra également  médiatiser au maximum le jugement des affaires établies de corruption pour servir d'exemple aux autres.


Dans cette lutte, la société civile a un rôle primordial à jouer et doit se mobiliser pour expliquer les droits, pousser les citoyens à utiliser le numéro vert anti-corruption et à médiatiser au travers des médias sociaux les faits de corruption et de tentatives de corruption en utilisant photos, vidéos, enregistrements sonores et en communiquant les matricules des corrompus.

 

Ta7ya Bladi

 

Hichem Jouaber
Vice Président Groupe GlaxoSmithKline