Opinions - 09.07.2015

La cohésion nationale : une condition sine qua non pour vaincre le terrorisme

La cohésion nationale : une condition sine qua none pour vaincre le terrorisme

Peut-on se référer à un théoricien autre que l’immortel Clausewitz pour rappeler que « la théorie de la guerre obéit à des principes se basant sur des constantes interactives telles que sa nature politique et sociale et les conditions psychologiques dans lesquelles elle se déroule » ?

 La gestion des deux volets politique et social de la guerre contre le terrorisme étant du ressort d’un gouvernement qui est animé d’une bonne volonté mais qui manque de moyens et de compétence pour changer une situation politique et socio-économique qui empire, les conditions psychologiques dans lesquelles la guerre se déroule semblent tourner de plus en plus en faveur de l’ennemi et le conflit risque de perdurer.

 En effet, sur le plan politique, la situation ne cesse de s’envenimer  depuis le 14 janvier 2011. Nos politiciens se sont livrés à des querelles interminables et donnent le pas à leurs intérêts personnels au détriment des intérêts vitaux de l’Etat, faisant ainsi montre d'un manque flagrant de maturité politique perceptible par le citoyen moyen. Le peuple qui a vécu sous la dictature durant plusieurs décennies et qui n’a pas été préparé à la démocratie,  n’a pas pu supporter une situation en perpétuelle ébullition et conteste de plus en plus une atmosphère invivable et suffocante.
Sur le plan économique et social, cette situation politique incontrôlée s’est traduite par des sit-in et des grèves le plus souvent anarchiques. L’Etat de plus en plus affaibli, a perdu de son autorité laissant proliférer des cartels de contrebande, des associations de malfaiteurs et  bandes de crimes organisés. Le chômage a augmenté, les indices économiques sont au rouge, les investisseurs étrangers ont déserté le pays et l’économie nationale est au bord de la faillite.

 Dans cette situation chaotique et désordonnée, le peuple qui ne voit pas la lumière au bout du tunnel, plonge dans le désarroi et risque de sombrer dans le désespoir.

 Cette posture est le scénario espéré par les terroristes pour déstabiliser le pays avant de s’emparer de l’Etat.

 Profitant de la dispersion de l’Armée et des forces de sécurité pour assurer l’ordre public, les brigades de DAECH et d’AQMI ont décidé de terroriser une population déjà fragilisée. Leur stratagème est inspiré des manœuvres de Gengis Khan qui consistaient à pratiquer la politique de la terre brulée destinée à  terroriser les populations et les armées de l’ennemi pour les amener à se rendre sous l’effet de la panique. Le Général chinois Sun Tsu n’a-t-il pas noté cinq siècles avant Jésus Christ que «la meilleure stratégie est celle de s’emparer des cités de l’ennemi sans lui avoir livré bataille»?

Pour réaliser ce stratagème sanguinaire et pervers, les terroristes ont saturé les réseaux  sociaux de vidéos de propagande montrant des civils et des combattants égorgés ou brûlés vifs.
Pour accélérer l’effet de la panique, ces vidéos sont très souvent accompagnées d’une compagne de désinformation telle que les rumeurs qui parlent du stationnement de troupes « daéchistes » sur nos frontières sud.

 Et toujours selon le même Clausewitz, « la guerre repose sur une trilogie essentielle: le peuple (support de la guerre), la politique (le gouvernement qui fixe l’objectif) et l’Armée (qui réalise l’objectif tracé). La guerre est considérée perdue lorsque l’un des côtés du triangle est brisé ». La guerre du Vietnam et l’engagement des Etats Unis d’Amérique en Somalie ne sont que des exemples parmi autres.

 Sachant que ce peuple déjà fragilisé est divisé en deux blocs (Musulmans et Islamistes, conservateurs et progressistes) et qu’une paupérisation très sévère vient s’ajouter aux conditions psychologiques fortement dégradées, la cohésion nationale est alors atteinte brisant ainsi la base du triangle  ci-dessus indiqué.

 Si l’élite politique et les forces de la société civile ne s’unissent pas d’urgence pour changer la situation, je compte alors sur votre perspicacité pour déduire la conclusion.

 

Lassaâd Bouazzi
Officier retraité de la Marine