Blogs - 05.02.2010

Le livre a-t-il encore un avenir en Tunisie?

22% des Tunisiens n'ont jamais lu un livre. Cela a dû en coûter à ces Tunisiens d'avouer un "crime" aussi inexpiable alors que rien ne les y obligeait. Le goût de la provocation? Peut-être. A moins que, et cette hypothèse est la plus probable, cette franchise, peu commune, ne réflète un dédain certain pour la chose écrite à l'heure de l'internet et de facebook.

Il fut un temps où l'homme était jugé à l'aune du nombre de livres qu'il avait dans sa bibliothèque. Or, aujourd'hui, le livre, il faut bien le reconnaître, n'a plus le monopole de la culture et du savoir. Après avoir résisté vaillamment aux assauts de cette "diabolique" invention d' Emile Girardin que fut la presse à bon marché, de la radio puis de la télévision, le livre risque t-il de succomber sous les coups de boutoir des nouveaux media.

Il faut le reconnaître: si l'on excepte les milieux intellectuels, le Tunisien n'a jamais eu des prédispositions pour la lecture, mais les lettrés étaient respectés. En l'espace d'une génération tout a basculé. Combien de foyers possèdent-ils, aujourd'hui, des bibliothèques? Et même ceux qui en ont, une grande proportion d'entre eux  l'ont hérité d'un parent et cherchent à s'en débarrasser même à titre de don. Où sont donc passés ces bibliobus qui sillonnaient les routes du pays mettant ainsi le livre à la portée de tous les Tunisiens où qu'ils résident? Où sont passées les émissions culturelles diffusées en prime time par la Télévision comme celles qu'animaient Rached Hamzaoui? Ces débats contradictoires dans les maisons de la culture et les cinéclubs? pourquoi nos bibliothèques se sont-elles transformées en salles de révision alors qu'il y a quelques années, on y faisait la queue pour emprunter les livres de Kamel Kilani, Georgy Zeidane ou El Manfalouty?

L'internet est certainement pour quelque chose dans la désaffection à l'égard du livre. Mais cela n'explique pas tout. Les Européens, les Américains sont aussi sollicités  par ce nouveau media sans que cela ait des répercussions graves sur le livre. Dans cette grisaille, il y a tout de même des raisons d'espérer: la production éditoriale n'a jamais été aussi importante même si l'ouvrage qui tire à 2000 exemplaires est considéré comme un best seller, preuve que le livre fait de la résistance et qu'il y a encore dans ce pays des gens qui y croient. Et puis, il y a cette fameuse cité de la culture dont on attend monts et merveilles et qui, peut-être, va donner une impulsion nouvelle à l'activité culturelle. Alors, positivons comme dirait l'autre et croisons les doigts.

 

Hedi