News - 14.04.2015

Pourquoi Habib Essid n'est-il pas suffisamment soutenu par la majorité ?

Pourquoi Habib Essid n'est-il pas suffisamment soutenu par la majorité ?

Le Gouvernement Essid n’aura donc pas droit à sa période de grâce. 70 jours après son entrée en fonction, il doit faire face une crise protéiforme d’une ampleur sans précédent avec des grèves à répétition dans une multitude de secteurs, les attentats terroristes, la crise économique et l'absence d'un soutien franc du parti majoritaire. Dans ces conditions, il est normal que le gouvernement se sente fragilisé, donnant parfois l’impression d’être dépassé par les évènements, d'être dépourvu de vision à long terme et de se contenter de colmater les brèches. Heureusement, Habib Essid tient bon pour le moment. Conscient de la gravité de la situation, il n’a nullement l’intention de démissionner et a tenu à le faire savoir en démentant fermement les rumeurs qui ont circulé à ce propos. Il faut lui en savoir gré. Une démission dans ces circonstances serait particulièrement malvenue.

Comment en est-on arrivé-là. Sur le plan social, c’est le syndicat des enseignants qui a donné le ton de cette fronde en engageant un bras de fer avec le ministère de l’éducation à propos de revendications salariales excessives qu’il s'est d’ailleurs gardé de rendre publiques, sans  doute pour ne pas choquer les Tunisiens. Il a fini par obtenir satisfaction. Face à la détermination du syndicat qui n'hésitait pas à agiter la menace d'une année blanche, le gouvernement a très vite cédé, cherchant à éviter de faire de ce conflit un abcès de fixation, à deux mois du baccalauréat. Mal lui en a pris. C'est au tour des instituteurs et des surveillants et des professeurs universitaires de se rappeler au bon souvenir des Tunisiens alors que dans le bassin minier, les sit in se multiplient, paralysant la plupart des unités de la CPG.

Sur le plan sécuritaire, le gouvernement a certes marqué des points, mais les terroristes n'ont rien perdu de leur combativité. Tout donc  porte à croire que nous ne sommes pas dans le dernier quart d'heure et que la guerre contre le terrorisme sera longue.

Economiquement, rien n'est joué. Certes, de légers signes de frémissement sont apparus, mais les investisseurs tunisiens et surtout étrangers se cantonnent pour l'instant dans une attitude de « wait and see». Ce qu'ils attendent, c'est tout simplement, la  stabilité et la sécurité.

Reste l'aspect politique. Officiellement, le gouvernement bénéficie d'une large majorité à l'assemblée. Seulement, les luttes intestines à Nidaa Tounès qui désespèrent les Tunisiens autant par leur récurrence que par leur insignifiance  et les dissensions qui ont commencé à se faire jour entre les différentes composantes de la majorité, ainsi que l'absence de coordination entre les quatre principaux partis ont fini des répercussions négatives sur l'homogénéité donc l'efficacité de l'action gouvernementale. Il est évident que face aux difficultés croissantes, le gouvernement doit se sentir appuyé par une majorité forte parce que soudée. Mais pas seulement, car son Chef doit aussi avoir les coudées franches pour mener à bien sa politique. Or, il ne faut pas être grand clerc pour comprendre  que ce n'est pas le cas et qu'il donne l'impression d'être bridé et sans prise réelle sur les évènements. Il  y a donc urgence à clarifier le rôle de chacun. Car cette situation est du plus mauvais effet sur l'opinion publique. Elle décrédibilise tout simplement le Chef du gouvernement.

Mustapha