Blogs - 18.01.2010

Stade 7 CAN 2010: oui pour les débats contradictoires, non pour les esclandres !

Faouzi-Benzarti-Equipe-NationaleLa scène est suffisamment rare pour être soulignée: un accrochage (verbal, heureusement) d'une rare violence entre l'animateur de l'émission sportive consacrée à la CAN 2010 et l'entraîneur national, Faouzi Benzarti, quelques heures après la rencontre entre la Tunisie et le Gabon. On savait depuis longtemps que le football est "un exutoire où s'épanche la déraison" mais la scène à laquelle on a assisté hier soir, par la violence des propos échangés, par son côté pathétique aussi, restera longtemps dans les annales.

Cela se passait sur la chaîne nationale TV7 en direct. L'animateur avait interpellé Benzarti sur certains de ses choix. Mal lui en a pris. Il a eu droit, à sa surprise et à celle des personnes présentes sur le plateau et certainement des téléspectateurs, à une volée de bois vert dont il se souviendra longtemps non seulement parce que l'entraîneur est connu pour être d'un commerce agréable, surtout en dehors des terrains, respectueux des journalistes et de leur métier, mais aussi parce que les questions posées étaient pertinentes et, au surplus, n'avaient rien d'agressif.

Le coach national avait certes le droit de justifier ses choix tactiques et de protéger ses joueurs. Là où le bât blesse, c'est lorsqu'il s'en prend indistinctement à tous les journalistes leur déniant le droit de discuter de problèmes techniques qu'ils ne maîtriseraient pas assez et leur reprochant leur "agressivité" à l'encontre de l'équipe nationale et leur manque de patriotisme. A ma connaissance, et sans faire preuve de corporatisme, l'attitude de la presse a été depuis le début de la CAN et, à quelques exceptions près, exemplaire. Elle a été, en tout cas, beaucoup plus raisonnable qu'une certaine presse égyptienne (citée pourtant en exemple par Benzarti) toujours prompte à critiquer, à la moindre contre-performance, ses joueurs et même l'entraîneur malgré les deux titres continentaux consécutifs remportés.

Savoir raison garder

Il reste que l'équipe nationale a besoin d'un climat d'autant plus apaisé qu'elle conserve encore une petite chance de se qualifier pour les quarts de finales. Tant mieux si l'on gagne. Mais si, à dieu ne plaise, l'on perd, on n'en fera pas des tas. Les Tunisiens savent, en pareilles circonstances, raison garder. L'entraîneur national avait certainement raison de rappeler qu'il avait pris l'équipe nationale à quelques semaines de la CAN 2010 et qu'il avait besoin de temps pour réussir. De même qu'on peut le comprendre de s'être senti blessé et de s'emporter contre des attaques dont il aurait fait l'objet. Là où on ne le suit pas, c'est lorsqu'il assimile des critiques somme toute légitimes et même des interrogations à des attaques contre sa personne et ses joueurs. Les débats contradictoires, on en redemande. Mais les esclandres, surtout sur une chaîne nationale à qui nous devons autant sinon plus qu'aux autres, du respect parce que c'est la voix de la Tunisie, donc celle de la raison, n'ont jamais été la méthode idoine pour dépassionner le débat à propos d'une équipe dont les sorties depuis deux ans sont loin de répondre aux attentes de ses nombreux fans.

                                                                                                                                                                     

  Hédi