News - 02.02.2015

Rafik Chelly, secrétaire d’Etat à la Sureté nationale : un grand retour qui rassure

Retour fulgurant d’une figure de proue de la police nationale, Rafik Chelly, évincé par Ben Ali, mais qui est resté très attentif aux nouveaux enjeux terroristes. Ancien directeur de la sécurité du chef de l’Etat et des personnalités officielles, sous Bourguiba jusqu’à la fameuse nuit du 7 novembre 1987, puis de la police judiciaire, avant d’être exilé en tant que conseiller d’ambassade en Libye et en France, il jouit d’une longue expérience et grande estime. Faisant partie des premiers jeunes juristes tunisiens formés dans les écoles françaises de police, Rafik Chelly accèdera rapidement à de hautes responsabilité, la plus éminente ayant été la protection de Bourguiba. Il sera pour lui un compagnon fidèle, un fils spirituel affectueux et attentionné et l’accompagnera dans tous ses déplacements à l’intérieur du pays et à l’étranger, parfois pour de longs séjours nécessités par des soins médicaux. Il le racontera avec forces détails dans ses mémoires publiés sous le titre de : "Le syndrome de Carthage".

A la tête de la police judiciaire, il s’attellera à la traque de la criminalité, du banditisme, de la contrebande et du trafic de drogue. Malgré la modestie des moyens, il s’est employé à la modernisation des laboratoires techniques et à la réorganisation des services en vue de plus d’efficience.
 
En poste à Paris, Rafik Chelly liera de solides amitiés avec ses pairs français et s’intéressera particulièrement à la lutte contre le terrorisme, son sujet favori, comme tout ce qui concerne la sécurité extérieure du pays. 
 
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Le Syndrome de Carthage: Rafik Chelly, le chef de sécurité de Bourguiba, livre tout

Son témoignage était très attendu ! Directeur de la sécurité du chef de l’Etat et des personnalités officielles, en cette nuit du 6 au 7 novembre 1987, Rafik Chelly a vécu en direct la déposition de Bourguiba, jouant un grand rôle pour éviter, ce soir-là, l’effusion du sang. Revenant sur ses souvenirs, il nous livre dans un passionnant ouvrage intitulé «Le Syndrome de Carthage», un récit sincère d’évènements historiques vécus aux côtés de Bourguiba, puis sous le règne de Ben Ali. 
 
Comment fut accomplie la prise du palais de Carthage ? Quel était l’ordonnancement de la sécurité de Bourguiba, en Tunisie et lors de ses voyages à l’étranger ? Qu’en est-il au juste des grandes affaires comme celles de l’attaque armée contre Gafsa, l’accueil du dissident libyen Omar Mehichi, avant son envoi au Maroc d’où il sera livré à Kadhafi pour l’égorger, les premiers contacts entre Abou Iyad et les autorités françaises, l’assassinat d’Abou Jihed, l’attentat contre la synagogue de la Ghriba, le procès monté contre Chadli El Hammi, les coups de feu contre Riadh Ben Fadhl, et bien d’autres…
 
Rafik Chelly, 67 ans, a incarné la nouvelle génération des hauts cadres de la police tunisienne, après la première issue de l’indépendance. Juriste, énarque, commissaire diplômé de l’Ecole nationale supérieure de police de Saint-Cyr-au-Mont-d’Or à Lyon, il a été aussi nourri des nobles valeurs d’une famille militante. Dans les rangs de la police, il a toujours été un modèle de rectitude, de professionnalisme et de respect du sens de l’Etat. Ce qui ne déplaira pas, évidemment, au président déchu.
 
A la manière des grands patrons du SDECE et de la DST en France, Rafik Chelly, qui avait été en poste à Paris et garde un grand plaisir à lire les récit de ses collègues de par le monde, essaye, sans trahir les secrets d’Etat, de nous éclairer utilement sur des évènements souvent maquillés par la propagande de l’ancien régime. Les faits sont précis, l’analyse est pertinente et ses commentaires sont ceux d’un patriote meurtri pour son pays alors sous la dictature. Des différents postes où il avait été sciemment relégué après le 7 novembre pour le tenir éloigné des centres du pouvoir, de crainte de le voir prendre la moindre initiative contre Ben Ali, comme il en était capable, tant il jouit de la confiance de son corps, il a pu cependant observer l’ampleur de la corruption et des malversations conduisant à la déliquescence de l’Etat. A lire.
 
Le Syndrome de Carthage 
 
Par Rafik Chelly

Préface de Nicolas Beau

Imprimerie Graphique du Centre, mars 2012

260 pages, 19 DT.