News - 19.01.2015

Décidément, l'islamophobie a encore de beaux jours devant elle

L’affaire de Charlie hebdo a été pour certains intellectuels français, le prétexte rêvé, la divine surprise pour donner libre cours à leur islamophobie en reprenant la vieille antienne de l’islam-religion-de violence-et-d’intolérance. C’est le cas, notamment, du philosophe français, Michel Onfray. Spécialiste de Nietzsche et auteur d’un « Traité d’athéologie », cet homme de gauche tout imprégné qu’il est des idéaux de la révolution française, n’était pas, de toute évidence, bien placé pour s’engager dans une telle entreprise, n’étant pas islamologue. Mais son indignation face au carnage du 8 janvier, explique-t-il lors de l’émission « On n’est pas couché » sur France 2, le 17 janvier,  l’a incité à se documenter sur cette religion dont se réclamaient les deux terroristes pour mieux comprendre les ressorts de leur geste. Il consulte toutes les traductions du Coran.

Et là, stupeur, il découvre qu'il  n’y est question que de violence, de tueries et même de misogynie. Et le voilà, muni de ses notes, comme autant de pièces à conviction, égrenant sur le plateau, les sourates entrant dans sa thèse. Se parant des oripeaux de la liberté d’expression et de la laïcité, il se livre à une attaque en règle contre l’Islam. Tout en reconnaissant que cette religion ne faisait pas partie jusque-là de son champ d’intérêt, il s’évertue à nous convaincre, versets du Coran à l’appui, que la violence est consubstantielle à l’Islam, tout en reprochant aux journalistes d’être « restés dans l’émotion » dans le traitement de cette affaire au lieu de la « mettre en perspective » de tomber dans le politiquement correct. Heureusement, il avait en face de lui, deux animateurs, Léa Salamé et Aymeric Caron qui s’étaient bien préparés pour lui porter la contradiction. Ils auront ainsi beau jeu de tailler en pièces son argumentation. Il faut dire que l'invité a été bien inspiré de préciser qu’il n’était pas islamologue. Car cela se voyait. Il est tombé dans les travers qu’il reprochait aux journalistes : l’émotion et l’absence de mise en perspective. C’était l’arroseur arrosé.

Il fallait contextualiser et partant relativiser ces sourates pour les comprendre en aucun cas en tirer argument pour prouver le caractère belliqueux de l’Islam.  Caron  explique qu’il fallait faire la distinction entre les sourates médinoises et  mecquoises, révélées dans des contextes différents et éviter une lecture « littéraliste » du Coran. Une rapide comparaison avec les livres saints des autres religions révélées  montre que le Coran n'est certainement pas le plus violent. Notre philosophe tout contrit donnait l'impression de découvrir la complexité du problème. Il écoutait sagement tentant d'apporter un bémol à ses assertions. Couvert de ridicule, il a dû regretter de s'être aventurer en terre inconnue.Ne voulant pas pousser leur avatage, les deux animateurs change de sujet et évoquent le problème des cités. L'humanisme de l'homme de gauche issu, au surplus, d'un milieu défavorisé refait surface. Il souligne la nécessité de remédier au plus vite à une situation qui n'a que trop duré.

Hédi