News - 02.01.2015

Rassembler, réformer et relancer

L’électeur tunisien ne manque pas d’intelligence. En votant pour Béji Caïd Essebsi, il a choisi, plus qu’une personne ou un programme, une voie d’avenir et un style présidentiel. La voie de l’avenir, c’est celle d’ancrer la Tunisie dans la modernité, le progrès, le respect des libertés et croyances et le vivre-ensemble. Un repositionnement de plain-pied dans le XXIe siècle, dans la région, face à l’Europe, dans le monde et ce qu’il peut constituer de meilleur.

Le style présidentiel, c’est celui de rompre avec le commandement exclusif, prétexté par la légitimité des urnes, au mépris de tout et de tous. C’est surtout instaurer la concertation, ériger la recherche du consensus en méthode de gouvernement et élever le sens de l’Etat en principe non négociable. Passée l’euphorie de la victoire, l’heure est à se mettre immédiatement à l’ouvrage. Ni un économiste pur jus, ni un sécuritaire à la main de fer, c’est un fin politique que le pays s’est choisi, expérimenté, habile, charismatique, capable de réussir la nouvelle étape, encore plus délicate et plus cruciale que les précédentes.

Sa mission principale sera de rassembler les Tunisiens, voués depuis le déclenchement de la révolution à la scission, divisés par les clivages, livrés aux tiraillements. Transcender les différences pour s’unir autour d’un même et unique projet, celui d’une Tunisie meilleure, exige l’apaisement des passions, la consolidation des rangs, le respect de l’autre, des valeurs, des institutions, de l’entreprise, l’abnégation, la remise au travail et la création de la valeur.

Réformer ne sera pas facile à conduire. Des sacrifices et des concessions seront nécessaires, les égoïsmes et les privilèges sont à bannir. De la fiscalité à la Caisse de compensation, du système de santé à la sécurité sociale, de l’éducation à la justice, des incitations à l’investissement au développement inclusif : les priorités sont aussi nombreuses qu’urgentes.  L’essentiel est de relancer le pays, de le remettre en ordre de bataille pour relever les défis et gagner les paris. Que valent la liberté, la dignité, l’équité et la démocratie, sans la défense de la souveraineté nationale, la sécurité qui rassure, protégeant les biens et les personnes, la croissance, la paix sociale, l’avancée dans les sciences et la technologie, l’éclosion des talents créatifs et le bien-être généralisé ? Les objectifs de la révolution ne peuvent s’accomplir qu’à ce prix et à ce prix seulement. Le grand pari de Béji Caïd Essebsi sera de rallier autour de ce grand dessein national l’ensemble des forces vives de la nation, à commencer par les partis politiques, sans exclusive aucune, les organisations nationales, et en premier lieu l’Ugtt et l’Utica, la société civile dans sa diversité, les Tunisiens et les Tunisiennes.

S’il y parvient, nonobstant les efforts nécessaires à déployer et les concessions à obtenir, tout sera alors possible. La nouvelle étape qui commence ne sera guère facile à franchir. Le nouveau gouvernement aura besoin de beaucoup de perspicacité et de courage pour y répondre judicieusement. Il ne pourra réussir sans le soutien le plus large et le plus fort, soutien indispensable afin qu’il puisse travailler dans la sérénité et l’efficience.

Tel un avion qui cherche à décoller, la piste d’envol doit être balisée, sécurisée. Pendant au moins 18 à 24 mois, il n’aura d’autre alternative que de réaliser, réformer et gouverner. Caïd Essebsi doit trouver le cadre approprié et la manière idoine afin que toutes les pierres d’achoppement soient déblayées. Les décisions consensuelles et irrévocables seront alors fixées en feuille de route claire et précise que le gouvernement s’emploiera à mettre en œuvre. Un dialogue national élargi à des figures nationales, aux chefs de groupes parlementaires, aux représentants de la société civile et autres compétences, sera d’un grand appoint pour bâtir cette concorde et imprimer l’élan nécessaire à l’envol escompté.

Bonne & Heureuse Année 2015
T.H.

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