News - 24.12.2014

Khemaies Jhinaoui n'ira pas à Madrid, mais à Carthage

Il devait être nommé chef du Bureau de la Ligue des Etats Arabes à Madrid, mais c’est finalement à la Présidence de la République que l’ambassadeur Khemaies Jhinaoui sera nommé. Béji Caïd Essebsi l’a choisi pour devenir son conseiller diplomatique. Derrière cette nomination, il y a une longue histoire.

 Brillant diplomate de carrière, qui avait fait ses premières armes auprès de l’ambassadeur Ahmed Ounaies à New Delhi et Moscou, Jhinaoui, ministre plénipotentiaire hors classe, était ambassadeur de Tunisie notamment à Londres (2004) et à Moscou (2008 – 2011). Au lendemain de la révolution, Caïd Essebsi le rappellera de Moscou pour le nommer secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères. Il formera un excellent tandem avec le ministre, Mouldi Kéfi. 
 
Avant la fin de son mandat, Caid Essebsi le désignera en tant qu’ambassadeur à Paris. La demande d’agrément partira au Quai d’Orsay qui s’empressera de répondre par la positive, d’autant plus que le poste était resté vacant. Il ne restait plus à Jhinaoui qu’à accomplir les formalités d’usage et se préparer à rejoindre la capitale française. A sa grande surprise, le gouvernement de la Troïka ne respectera pas la continuité de l’Etat et annulera sa nomination. L’ambassade de Tunisie à Paris qui a suscité beaucoup d’appétit sera finalement confiée, en juillet 2012, à un non-diplomate, proposé par Ettakatol, Adel Fekih.
 
L’ambassadeur Jhinaoui ne pouvait que garder pour lui sa grande déception. Personne ne l’en consolera. Il doit attendre l’avènement du gouvernement Mehdi Jomaa pour obtenir un lot de consolation. Le ministre des Affaires étrangères, Mongi Hamdi, lui demandera de diriger l’Institut Diplomatique, prenant ainsi la relève de Hatem Atallah, nommé conseiller diplomatique à la Kasbah. Loin de pantoufler dans ce poste censé être le dernier avant son départ à la retraite, il s’attellera à la tâche avec ardeur et travaillera d’arrache-pied avec son ministre pour transformer l’Institut en Académie et la doter d’un siège approprié. Le financement est trouvé, le terrain sera pris dans le périmètre du ministère, les programmes sont élaborés.
 
Avant de partir en poste à l'ONU, Mongi Hamdi profitera de sa rencontre à New York avec Nabil El Arabi, secrétaire général de la Ligue des Etats Arabes pour le lui recommander fortement, en vue de lui confier la représentation de la Ligue dans la capitale espagnole. Affaire conclue. Sauf que, une fois de plus, Jhinaoui n’ira pas en poste à l’étranger. Cette fois-ci, c’est pour une meilleure affectation : à Carthage.
 
Taoufik Habaieb
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