News - 23.12.2014

Marzouki veut défendre «la démocratie avec tous ses défauts»

A peine les lampions de l’élection présidentielle s’étaient-ils éteints que les paris sont déjà ouverts sur le nom du futur chef du gouvernement et de la composition de celui-ci. Tout ce qu’on sait, c’est qu’il ne sera pas un ancien ministre de Ben Ali. On peut aussi prévoir que les discussions seront très animées sur le point de savoir s’il doit être du parti majoritaire ou choisi en dehors de ce parti tête de Nidaa Tounès. Mais tout cela semble anecdotique en regard du discours  qu’a prononcé mardi  le président  sortant. C'est depuis le balcon de son quartier général de l'Ariana qu'il a annoncé la création de son parti  « le Mouvement du Peuple des Citoyens ». La formule n'est pas nouvelle. Il l'a déjà utilisée dans les derniers jours de sa campagne électorale pour l'opposer «au peuple de l'appareil», par lequel il désignait Nidaa Tounès.

Pourquoi ce parti ? Ecoutons l'exposé des motifs de Marzouki  : « Le peuple importe plus que les partis (…) C’est un nouveau peuple qui refuse d’être guidé et exploité. Cette force que j’ai ressentie à chacun de mes meetings, un peuple qui refuse le retour au passé  et cette conscience collective d’un peuple qui  rejette tous ceux qui se mettraient en travers  de sa route (…) Notre mouvement sera le défenseur de la véritable démocratie avec tous ses défauts. Nous nous attacherons à cette démocratie avec ses défauts et refuserons plus que jamais  le retour de la dictature ». Puis, s’adressant aux « ennemis du peuple » : « Nous les empêcherons de voler les voix et de falsifier les élections et toutes autres infractions. Le peuple des citoyens est en train de se constituer en force politique dissuasive. Il doit assumer ses responsabilités pour ce qui est des valeurs  à la défense desquelles les martyrs ont donné leur vie ». Le reste est à l'avenant.

Heureusement le discours se termine sur une note rassurante : « l’essentiel est de sauvegarder l’union nationale, la sécurité nationale, la paix civile et la marche pacifique (sic) ».

Décidément, Ennahdha ne sait pas choisir ses alliés : Elle s’est montrée laxiste avec les salafistes. On sait ce qu'il en est advenu. Elle a offert ses voix à Marzouki. Elle en sera sa prochaine victime.

Mustapha Ben Amor