News - 11.12.2014

La réponse d'Afif Chebli au rapport de la Banque mondiale "la révolution inachevée"

Le Cercle Kheireddine ne pouvait laisser sous silence le rapport consacré par la Banque mondiale à la Tunisie sous le titre de « La révolution inachevée ». Présidé par l’ancien ministre de l’Industrie, des Mines et de l’Energie, Afif Chelbi et comptant parmi ses équipes nombre d’anciens ministres (Ridha Ben Mosbah, Mohamed Nouri Jouini, Slim Tlatli) et d’éminents économistes et financier, il vient d’élaborer une réponse minutieuse tant au diagnostic établi qu’aux solutions proposées. D’emblée, les auteurs de cette « lecture critique » qui s’intitule « Pour un renouvellement du modèle de développement adapté à la Tunisie », souligne que ce rapport présenté comme « incontournable », « ne cadre pas avec la rigueur d’analyse à laquelle nous a habitué la Banque. Il contribue à l’exacerbation du débat au lieu d’aider à sa modération». Le couperet s’impose.
 
Tout en prenant des formulations de courtoisie à l’égard de la Banque du genre « ce rapport ne représente pas la véritable Banque mondiale, l’institution éclairée que nous avons toujours appréciée comme catalyseur des réformes quand elle a fonctionné en synergie avec l’Administration tunisienne », ils vont en profondeur dans l’analyse critique. « D’abord au niveau du diagnostic, lit-on ou, contrairement aux habituelles évaluations des politiques publiques : points forts, points faibles…, les auteurs élaborent un véritable rapport à charge réduisant plusieurs décennies de développement à une succession de lacunes. Ensuite, les solutions proposées par ce rapport relèvent d’un libéralisme d’un autre temps. «Que de telles politiques (de laissez faire les lois du marché sans distorsions) ne soient pratiquées nulle part au monde en tant que politique économique» comme l’écrivait si justement Jean Paul Fitoussi, n’a pas empêché le rapport de les recommander ».
 
Un à un, constats et solutions sont battus en brèche, comme rarement un rapport de la Banque mondiale a eu à subir si justement. Le Cercle Kheireddine ne s’y limite pas. Il termine par une contreproposition : « Nous dirons que la thèse centrale pour un modèle de développement renouvelé, adapté à la Tunisie, est aux antipodes de ce qui est présenté dans ce rapport, elle repose tout d’abord sur une nouvelle « loi 72 », celle du XXI ème siècle, qui serait l’ancienne loi 72 maintenue et renforcée par un véritable Plan « Marshall » Régions, PME, Technologies décliné selon 4 plus :
  1. Des Systèmes de Formation et de Recherche plus adéquates 
  2. Des Infrastructures logistiques et technologiques plus performantes
  3. Des Financements et un environnement de l’entreprise plus adaptés
  4. Des Incitations plus renforcées pour les Régions, les PME, et les Technologies.
Ensuite, cela implique l’engagement de réformes profondes des politiques globales et sectorielles ainsi que du type de gouvernance qui doit s’y attacher, en vue de faire sauter «le plafond de verre» et de générer des emplois à plus forte valeur ajoutée pour résoudre de façon pérenne les problématiques de chômage, d’inégalités sociales et régionales.
 
Nous sommes convaincus que la mobilisation des forces politiques et sociales du pays, ainsi que le vaste courant de sympathie internationale dont bénéficie la Tunisie, permettront de faire pencher la balance vers cette dernière orientation conforme au modèle de société tunisien. Un modèle qui s’est toujours imposé malgré les vicissitudes de l’histoire et qui ne manquera pas, in fine, de convaincre nos partenaires internationaux de nous accompagner, comme ils l’ont toujours fait, dans la mise en œuvre de nos choix nationaux arrêtés en toute indépendance, mais en pleine concertation, en fonction des intérêts du peuple tunisien".
 
Un document à lire avec attention.