Opinions - 10.11.2014

Ennahdha, tenez votre Congrès!

Il faut avoir le courage et l’honnêteté intellectuelle de féliciter ses adversaires politiques lorsqu’ils prennent des décisions dans l’intérêt du pays.

Ennahdha vient de prendre encore une décision qui l’honore suite à la réunion de son «MajlissEchoura».

Elle revient sur sa proposition initiale de soutenir une personnalité bien déterminée et de laisser à ses adhérents la liberté de choisir le candidat à la présidentielle qui réponde le mieux aux objectifs de la «révolution».

Comme Ennahdha est traversée par plusieurs courants contradictoires, il est attendu que les votes pourront aller, apparemment, de l’abstention au vote même pour Nidaa ou pour un autre candidat.

Dans quelles proportions? Ou est-ce que la consigne réelle est de voter contre Nidaa? Dieu seul le sait.

Nous ne sommes pas au courant des discussions au sein du «MajlissEchoura», mais il semble que le Cheikh, fin stratège, a, encore une fois, pesé de tout son poids pour éviter une future confrontation avec Nidaa ce qui rendrait leur cohabitation  des plus difficile, ce qui est contraire à l’intérêt du pays.

Il faut reconnaitre que ce Cheikh est un grand manœuvrier en politique et il faut lui reconnaitre son aptitude à prendre les bonnes décisions  compte tenu de la situation politique, des rapports de forces et de l’intérêt supérieur du pays.

Faut-il rappeler qu’il a tranché en ce qui concerne l’insertion de l’épineuse question de la «Chariaa»  dans la Constitution?

Ce Cheikh a également considéré que la femme ne peut être que l’égale de l’homme et non son «complément » et reconnu le Code du statut personnel. Il est vrai que les femmes ont manifesté dans la rue!

Il  refuse, aujourd’hui, de balayer d’un revers de main l’histoire nationale de la Tunisie et ne dénigre plus Bourguiba. C’est à son actif.

Sous la pression de la rue (Ettahrir, le Bardo) et sa lecture des événements d’Egypte, il a enfin opté pour le «dialogue national»  et la mise sur place d’un Gouvernement de technocrates, pour apaiser les tensions et éviter les dérapages possibles et se préparer pour les élections.

Sans ces décisions majeures, nous n’aurions pas abouti à confectionner une Constitution acceptable pout tous et la tenue d’élections libres et démocratiques qui vont bientôt s’achever.

Tout indique qu’Ennahdha est en train d’évoluer vers un parti qui effraie de moins en moins les tunisiens.
Ce sont là des faits mais rien n’est moins sûr que les choses ne changeraient pas, surtout après la disparition du Cheikh et que nous ne souhaitons nullement.

Il n’est pas exclu que les «faucons » reprennent du poil de la bête surtout que si de nouvelles élections leur donnent, demain, une majorité confortable, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.

Le tunisien demande au Cheikh de consolider ce changement en tenant son Congrès pour modifier sa charte dans le sens de l’évolution amorcée.

En effet, son dernier Congrèsne s’est pas prononcé sur certains points fondamentaux  préférant les rapporter à plus tard.

Je crois que le moment est venu.

En excluant l’interférence du religieux dans le politique, en rejetant clairement l’Islam importé et en optant pour un Islam modéré à la tunisienne, Ennahdha donnera le meilleur gage de son ouverture.

C’est à cette condition que, personnellement, je changerai d’idée sur ce parti idéologique, car j’ai toujours à l’esprit le contenu de cette fameuse vidéo du Cheikh à «ses enfants salafistes» ainsi que celle du Cheikh Mourou avec Ghnim, le défenseur de l’excision.

Mokhtar El Khlifi

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