Hommage à ... - 07.11.2014

Meddeb : Un symbole vivant de l'islam qu'on aime, tolérant et ouvert sur les autres

Je connaissais Abdelwahab Meddeb à travers ses œuvres, puis je l'ai rencontré personnellement, il y a trois ans. Nous avions convenu de dîner ensemble chez moi et avions passé de longues heures à parler de tout : la situation du monde arabe, l'islam, le soufisme et ses grandes figures comme Ibn Arabi, Dante, l'art, la culture. Je découvrais l'étonnante érudition de cet homme et la profondeur de ses analyses. Nous nous sommes revus à plusieurs reprises et l'enchantement n'a jamais été rompu. 
 
D'une rencontre à l'autre, je réalisais que Meddeb faisait partie d'une espèce de plus en plus rare, celle qui réunit à la fois le poète, l'écrivain et l'artiste. Un vrai « adib », dans la pure et belle tradition arabe. Un symbole vivant de l'islam qu'on aime, tolérant et ouvert sur les autres. Le produit d'un monde musulman authentique tout en étant un Européen d'adoption. Bref, un vrai passeur des cultures et un acteur du rapprochement culturel et civilisationnel, tels que nous les aimons et pour lesquels la Fondation Lazaar consacre ses objectifs.
 
 Il y a deux ans, lors d'une célébration du Printemps tunisien à New-York, j'ai rencontré une critique d'art américaine d’origine coréenne qui a passé la soirée à me faire part de son admiration pour l'un de mes compatriotes.... Il s'agissait de Meddeb. Je comprenais alors combien ce dernier avait réussi à passer les frontières et à faire connaître sa pensée à l'internationale. Il était devenu un ambassadeur de l’excellence de mon pays. Et j'en étais fier. Du coup, je me posais la question – que je pose aujourd'hui encore : Est-ce que la Tunisie a jamais saisi l'importance et la grandeur de cet enfant issu de ses entrailles ?  Et si elle ne l'a pas fait, que faut-il faire à l'avenir pour s'acquitter de l'hommage qu'il mérite ?
 
Kamel Lazaar
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