News - 02.11.2014

Les trois semaines d'enfer de Moncef Marzouki

Comment balayer le doute qui risque de le hanter quant à ses véritables chances à reconquérir la présidence de la République ? Affligé par la débâcle de son parti, le CPR, aux législatives, Moncef Marzouki, était resté plusieurs jours chez lui à Sousse avant de trouver des ressorts. De retour à Carthage, il a multiplié les contacts, recevant notamment samedi, Rached Ghannouchi, après s’être entretenu jeudi avec Ahmed Néjib Chabbi. Plusieur "coachs et conseillers" se sont relayés auprès de lui. Dimanche, il été visiblement galvanisé par la présence massive de ses sympathisants au meeting d’ouverture  de sa campagne électorale. La salle du Colisée est archipleine et nombre des siens ont dû rester sur l’avenue Bourguiba. 

Le noyau dur de l’électorat de Marzouki et du CPR y était représenté : ceux qui se considèrent comme les purs et durs défenseurs de la révolution, restés attachés au jugement des figures de l’ancien régime, intransigeants sur tout compromis. Femmes portant le voile, le niquab ou non, hommes laissant pousser la barbe ou non, des visages connus et anonymes et différentes générations : tous étaient venus, de différentes régions, partager des convictions et acclamer leur candidat. Le choix de la salle était bien dimensionné pour la capacité de mobilisation. Pour le coup d’envoi de la campagne, le comité électoral a pu faire drainer une foule compacte, de quoi faire revenir le sourire sur le visage de Marzouki, resté fermé tout au long de la semaine. L’aspect psychologique était important pour eux tous.
 
Dans son discours, Marzouki a essayé d’alterner entre séduction et fermeté. Choyant son électorat captif avec son attitude d’intraitable sur les valeurs, mettant en exergue son bilan et ses positions, il a également voulu brasser plus large en s’adressant à d’autres franges. L’axe choisi est celui de se positionner en défenseur des acquis et des valeurs communes, de recours et d’arbitre, s’il le faut. S’estimant avoir fait ses preuves, il considère qu’il est le mieux indiqué à la tête de l’Etat, dans la nouvelle cartographie bipolarisée. Ses fans sont servis. Son dernier livre se vend bien aux portes du Colisée et dans la librairie avoisinante.
 
Marzouki repart souriant, quelque part rassuré. Il ne fait que commencer son chemin de croix. La route à Carthage sera longue et pénible, guère gagnée d’avance. D’ici le scrutin du 23 novembre, il vivra trois semaines d’enfer, de doute et d’espoir. Avec le tempérament qu'on lui connaît.