News - 20.10.2014

Quand l'échelle des valeurs est inversée

Le journal de 19 h 45 diffusé le vendredi 16 octobre par NESSMA a rapporté une information intéressante et inquiétante à la fois. Il s’agit de l’initiative louable, entreprise par l’association des chômeurs diplômés, d’organiser une manifestation destinée à  sensibiliser les citoyens sur la nécessité de participer aux élections et à les inviter à ne pas ‘vendre’ leur voix, c-à-dire à ne pas voter pour des candidats qui les soudoient en leur promettant, s’ils votent pour eux, des avantages en argent ou en nature. L’inquiétant dans cette affaire est venu par la voix d’une responsable de cette organisation qui a rapporté que certains citoyens  trouvaient normal de monnayer leur voix. Ainsi donc au lieu d’être dénoncé,cet acte de ‘soudoiement'qui invite le citoyen à vendre son âme pour un avantage matériel, trouve un écho favorable auprès de ceux là-même qui le subissent, de ce fait, ceux qui le pratiquent trouvent un argument supplémentaire pour continuer à l’exercer impunément même s’il est répréhensible.

Sans vouloir justifier le ‘soudoiement’, je trouve que l’attitude de ces citoyens  qui ont du mal à joindre les deux bouts, est compréhensible, car ce «trocimmoral et dégradanta» été introduit et expérimenté chez nous depuis longtemps pardes responsables élus qui touchent avant l’augmentation près de six fois et demi le SMIG, il s’agit de nos illustres députés. Souvenez-vous des dessous de table dont ont bénéficié discrètement certains d’entre eux contre leur glissement vers un parti ou un groupe parlementaire. Plus récemment l’affaire de l’achat des parrainages entrepris par les candidats aux présidentielles auprès des députés et des électeurs constitue actuellement un fléau qui fait l’objet d’un grand nombre de plaintes saisies par la justice.

Force est donc de constater qu’un grand nombre de nos dirigeants et responsables politiques n’ont aucun scrupule de moralité et n’hésitent pas à utiliser tous les moyens, y compris les plus mafieux, pour parvenir à leur fin. Le comble est que cespratiques sont également adoptées par ceux-là même qui se réclament haut et fort des préceptes moraux de l’Islam. Quelle hypocrisie ! Peut-on reprocher dans ces conditions au citoyen en difficulté de faire fi de la moralité, lui qui a appris depuis l’enfance le verset coranique qui recommande aux musulmans d’obéir à Dieu, au Prophète et aux responsables ? 

Par delà ces pratiques immorales exercées par bon nombre de nos dirigeants, la question fondamentale qui reste posée est l’adéquation du modèle occidental de démocratie à une société comme la nôtre, caractérisée par un très fort attachementaux apparences, ce quil’aconduite à privilégier l’aspect ostentatoire de la démocratie, à savoir les élections (comme si la démocratie se réduisait à cela uniquement), et négliger d’autres aspects tout aussi importants telles que la responsabilisation des citoyens, la moralité des responsables politiques et l’efficacité et la vigilance de la justice.

Mohamed  Jemal