News - 21.06.2014

Congrès d'Al Massar: Comment réaliser les objectifs de la Révolution ?

C’est dans une atmosphère conviviale et bon enfant que s’est ouvert le Congrès d’Al Massar des 20, 21 et 22 juin au grand Hôtel de Tunis.  Les congressistes sont appelés d’abord à consolider les structures du nouveau parti  issu  de la refondation d’une partie la gauche tunisienne autour du Mouvement Ettajdid , renforcé par le  parti du travail  tunisien et des indépendants du Pôle démocratique et moderniste (PDM).  

Constitué à la suite de  la débâcle électorale du 23 octobre 2011 et considéré comme l’embryon d’une coalition appelée à s’élargir et destinée  à faire un contrepoids au mouvement Ennadha, Al Massar a besoin de revoir et de renforcer ses structures s’il veut jouer le rôle qu’il s’est assigné, celui de porte-drapeau des aspirations du peuple à la démocratie et à la justice sociale et de rassembleur des forces démocratiques. Il s’agit ensuite de donner plus de visibilité à un parti qui n’émerge pas dans les sondages, en raison, entre autres des dénominations successives qu’il a connues en quelques mois  et d’annoncer les choix politiques, économiques et sociaux  du parti, objet de débats au sein de nombreuses commissions depuis le tenue du Conseil central de mars 2014.

Les congressistes  débattront enfin de la question des alliances électorales et éliront une nouvelle direction, Ahmed Brahim, l’actuel président du parti, ayant annoncé depuis quelques mois et confirmé son intention de ne pas être candidat à sa propre succession. 

Ces assises se tiennent dans un contexte politique où Nidaa Touness sonne le glas de l’Union pour la Tunisie après la décision surprenante prise par son Conseil national tenu le 5 juin de présenter, sous sa bannière,  des listes séparées  lors des prochaines élections, décevant les espoirs des démocrates qui se battent depuis plus de deux ans pour la construction d’un véritable front politique et électoral capable de sortir le pays de l’ornière, de défendre le projet progressiste et moderniste tunisien   et concrétiser le rêve caressé par les jeunes Tunisiens, artisans de la Révolution du 17 décembre 2010- 14 janvier 2011, de l’avènement de la démocratie et de la justice sociale dans leur pays. Ce sont ces aspirations que rappelle le slogan du congrès : « Tunisie – Révolution, citoyenneté et justice sociale ». 
 
Cette cérémonie d’ouverture a été rehaussée par la présence de nombreuses personnalités politiques représentant les partis qui ont intié le sit-in du départ en juillet 2014. Il y avait notamment une forte délégation de Nidaa Touness, conduite par Mohamed Ennaceur et Taïeb Baccouche, en l’absence De Béji Caïd Essebsi en voyage en Mauritanie.  Les  partis composant l’Union pour la Tunisie étaient représentés par Abderrazak Hammami ( Parti du Travail patriotique et démocratique) et Mohamed Kilani (Parti socialiste de gauche) .  Maya Jribi était à la tête d’un aréopage d’Al Joumhouri. Le Front populaire était, quant à lui, très bien représentée et particulièrement par Jilani Hammammi, (Parti ouvrier tunisien) Zied Lakhdar ( Parti des patriotes démocrates unifié). Le quatuor ayant parrainé le Dialogue national était là avec des représentants de l’UGTT, de l’UTICA, de la LTDH, et du Conseil national de l’Ordre des avocats.
 
De nombreuses associations de la société civile et particulièrement l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD) ont tenu à marquer par leur présence leur attachement à la défense et à la consolidation des acquis de la femme tunisienne.  De nombreuses délégations de pays frères et amies assistaient à cette cérémonie d’ouverture, parmi lesquelles  les différentes factions de la résistance  palestinienne. La veuve et la famille  des martyrs Mohamed Brahmi et Chokri Belaïd, ainsi que le père du martyr Socrate Charni, invités d’honneur, ont été longuement ovationnées par les congressistes présents. Les partis de la troïka n’ont pas été invités à la cérémonie à la demande des militants de base représentant leurs sections dans les commissions de préparation du congrès.
 
Les organisateurs ont tenu à ce que le volet politique de la cérémonie soit précédé d’un volet festif. Il y avait de la musique avec une troupe de jeunes d’Al Massar. La jeune Fatma Triki, congressiste et membre de la section d’Al Massar de l’Ariana a égayé l’ambiance en chantant la chanson de Hédi Jouini adoptée par Al Massar pour exprimer sa foi en des lendemains qui chantent :  Tabaani nibniou denya Zina ( Suis-moi, construisons un beau monde). Fathi Saïda (poème en hommage à Chokri Belaïd) et Moncef Ouhaïbi  (très vieux poème lu pour la première fois, il y a très logtemps) en présence du martyr Chokri Belaïd) ont ému un public acquis à la défense des causes nobles.
 
Jounaïdi Abdeljaoued, au nom du Président d’Al Massar a souhaité  la bienvenue à tous les invités nommés individuellement avant de rendre hommage à de grands militants et militantes,  que le parti a décidé d’honorer à l’occasion de  ce congrès, pour réparer le tort qu’ils ont subi  parce que  «  l’Histoire officielle, qui occulté leur combat, ne leur a pas rendu justice », a-t-il dit. Chérif Dali, la veuve du militant syndicaliste, Hassen Saadaoui, disparu en 1963 dans des conditions obscures et ancienne présidente de l’Union des femmes de Tunisie, Eugénie Nafaa et Halima Harmel, veuves des anciens secrétaires généraux du Parti communiste tunisien, Mohamed Ennafaa et Mohamed Harmel, pour ne citer que les plus connus, ont fait partie de la pléiade des militants « réhabilités ».
 
Ahmed Brahim, dans une allocution fort appréciée et plusieurs fois applaudie  a rappelé le contexte dans lequel se déroule le congrès, contexte caractérisée par l’installation du terrorisme dans notre pays et la difficulté à l’éradiquer malgré les efforts déployés par notre vaillante armée nationale et les forces de l’ordre qui ont payé un lourd tribut à l’hydre terroriste. Il a surtout mis en exergue les victoires remportées par les forces démocratiques qui ont mis fin au pouvoir de la Troïka, coupable d’avoir mis le pays au bord du gouffre et qui ont pu arracher une constitution garante des libertés et du caractère civil et démocratique de la deuxième République grâce à l’union sacrée qui s’est matérialisée à l’occasion du sit-in du départ. Il a déploré le nouvel émiettement des forces démocratiques dans une allusion claire à la décision de Nidaa Tounes de faire cavalier seul lors des prochaines élections. Dans ce contexte le congrès sera appelé à tenir compte de la reconfiguration du paysage politique tunisien et à proposer de nouvelles alliances.
 
Habib Mellakh
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