Opinions - 04.06.2014

Tunisie - Italie : une totale convergence

La célébration de la fête nationale – nous célébrons aujourd’hui la naissance de la République Italienne, à l’issue du Référendum de 1946 – offre l’occasion pour réfléchir sur le moment historique que nous vivons.

En voulant résumer la phase actuelle, je dirais qu’après les nombreuses vicissitudes du passé récent, cette année 2014 est une année d’espoir.
 
L’espoir ici en Tunisie d’une nouvelle constitution qui fait ses premiers pas et d’un nouveau gouvernement qui doit accompagner le dernier tronçon de route de la transition démocratique.
 
L’espoir est vif même en Italie pour l’engagement d’un gouvernement ayant pris place depuis peu et qui a pour mission la réalisation d’un ambitieux programme de réformes acclamé avec insistance par les italiens. Il s’agit d’un gouvernement avec une forte projection méditerranéenne qui est en train de valoriser en même temps la traditionnelle  vocation européiste de l’Italie, confirmée il y a seulement quelques jours lors des élections européennes.
 
J’ajoute  que c’est cette Europe même qui espère et parie sur cette année 2014 par l’effet de ces mêmes élections dont les résultats alimentent un vif débat et encouragent une réflexion profonde sur le rôle de l’Union et de ses institutions; des institutions qui devront elles aussi affronter un important changement de ses figures les plus représentatives durant la deuxième moitié de 2014 au cours de laquelle l’Italie détiendra la présidence du Conseil de l’Union Européenne.
 
C’est donc un climat de grande effervescence qui caractérise nos sociétés. La Tunisie et l’Italie encore une fois sont liées par le mince fil d’un destin commun. Le moment traversé sans doute connaît d’importantes difficultés politiques et économiques. Nos deux Pays ont toutefois fait preuve de détermination, créativité et courage. Nous sommes jusqu’à ce jour engagés à faire face aux urgences, mais les choix décisifs sont déjà pris. Il faut agir maintenant avec constance pour réaliser les résultats et dépasser cette complexe phase de transition. Je donne acte aux forces politiques tunisiennes d’avoir développé dans le court laps de temps qui nous sépare de la révolution de 2011 un non facile art du dialogue et de la recherche d’un compromis. Le Dialogue National et la formation du Quartet sont sans équivoque des signaux de la maturité politique tunisienne, de votre capacité d’élaborer des formules créatives pour surmonter les obstacles les plus difficiles.
 
Je voudrais en cette circonstance adresser un éloge respectueux à nos amis tunisiens qui ont affronté une période particulièrement difficile jusqu’à il y a quelques mois. Vous avez dû payér un tribut de sang qui n’est pas compatible avec votre nature douce, pacifique et civile. Un prix qui s’est alourdi davantage ces derniers jours avec les victimes de Kasserine. Je souhaite renouveler mes condoléances aux autorités tunisiennes pour ces pertes tragiques et en particulier à vos forces de sécurité qui réagissent aux attaques subies avec calme, lucidité et grande détermination pour vous défendre de ceux qui voudraient miner les bases de votre société.
 
Il n’y a pas de stabilité politique et de croissance économique sans sécurité. La sécurité est la condition sine qua non pour une vie sereine des individus et des familles.
 
L’Italie est activement et matériellement engagée à côté du gouvernement tunisien pour faire face à ses besoins pour la protection de son propre territoire et de ses frontières. Dans dix jours, le Ministre italien de la Défense Pinotti se rendra à Tunis pour remettre à la Marine tunisienne deux patrouilleurs faisant partie d’une fourniture importante de moyens de contrôle des côtes et des frontières terrestres. Celle-ci s’inscrit dans le cadre de l’excellente collaboration entre nos respectifs Ministères de l’Intérieur qui entretiennent un dialogue quotidien. Il s’agit d’un engagement dont l’importance est  mise en évidence en ce moment où l’instabilité régionale est accentuée  à cause de la crise libyenne qui nous touche de près et sur laquelle nos diplomaties travaillent ensemble.
 
La priorité accordée de la part de l’Italie à la région méditerranéenne a eu son grand moment symbolique avec la visite à Tunis le 4 mars écoulé du Président du Conseil Matteo Renzi. Il s’agissait de la première visite à l’étranger de notre Chef de Gouvernement. Celui-ci est déterminé à placer la région méditerranéenne non seulement au centre de la politique italienne mais aussi de la projection extérieure de l’Union Européenne saisissant l’occasion qui lui est offerte par le semestre de la Présidence italienne de l’Union Européenne.
 
Je remercie encore les autorités tunisiennes pour l’accueil chaleureux qu’elles ont bien voulu réserver au Président Renzi.
 
Plus récemment encore nous avons voulu donner une suite concrète au message du Chef du Gouvernement avec la visite à Tunis du Ministre du Développement Economique Federica Guidi, à la tête d’une délégation composée des principaux acteurs du Système Pays italien. Le Ministre Guidi a jeté les bases pour des initiatives conjointes visant à valoriser le potentiel de notre partenariat économique.
 
C’est un partenariat dont les bases sont solidement ancrées dans une tradition désormais historique. D’après une récente étude, il y a environ 800 sociétés à capital italien qui opèrent en Tunisie. C’est une base puissante pour construire la phase de relance. Ce sont des sociétés qui opèrent dans plusieurs secteurs et qui emploient plus de 60 000 tunisiens. Il y a aussi beaucoup d’autres sociétés italiennes qui voudraient opérer en Tunisie et qui suivent attentivement les développements de la transition démocratique. Elles observent le cadre administratif et juridique local ainsi que les politiques industrielles mises en œuvre dans le Pays. Les signaux de la Tunisie sont encourageants mais la saison des réformes doit se poursuivre si l’on veut faire de ce Pays un pôle attrayant pour les investisseurs étrangers intéressés non seulement par son marché mais aussi, en perspective,  à la réalisation d’une plateforme à partir de laquelle il est possible d’opérer sur toute la Région et sur le continent africain.
 
Nous voudrions ainsi renforcer le cordon ombilical qui lie déjà la Tunisie à l’Italie et qui s’articule aussi dans la présence d’infrastructures qui sont stratégiques pour nous, comme le gazoduc qui relie le Cap Bon à la Sicile garantissant la fourniture d’environ 30% du méthane consommé par les italiens. Nous étudions maintenant la possibilité de mettre à côté de cette infrastructure une interconnexion pour le transport d’énergie électrique. Il s’agit de vases communicants d’un organisme économique bien vivant situé au cœur de la Méditerranée.
 
Ces liens sont enrichis en cette période par le phénomène du flux des retraités italiens qui choisissent de vivre en Tunisie, attirés par son climat doux, par ses paysages agréables et par l’accueil amical que les tunisiens savent bien offrir. En même temps, même le flux de touristes italiens a repris.
 
Dans un monde globalisé les espaces se réduisent et les barrières tombent. Partout où il y eu peuples différents, des familles uniques se sont formées.  Tel est le cas de la Tunisie et de l’Italie qui sont proches géographiquement et historiquement.
 
C’est ce chemin que nous devons suivre et que nous affrontons avec enthousiasme.
 
Je remercie tous ceux qui participent à ce défi offrant leur propre contribution. 
 
Je remercie surtout les autorités tunisiennes qui m’ont réservé un accueil chaleureux à mon arrivée à Tunis l’été dernier et qui démontrent une disponibilité extraordinaire en travaillant ensemble et en élaborant des formules, même innovatrices,  pour les questions affrontées. Je me réfère aux plus hautes institutions de l’Etat et à chaque Ministère, aux nombreux gouverneurs que j’ai eu le plaisir de rencontrer; à tous les organismes et organisations qui valorisent nos activités quotidiennes, en particulier concernant notre partenariat économique.  A cet égard, j’adresse mes remerciements particuliers au CEPEX, engagé dans la participation tunisienne à l’Expo2015, un évènement qui placera Milan et l’Italie au centre de l’attention internationale, en offrant une vitrine prestigieuse à l’agriculture et à l’alimentation, secteurs fondamentaux aussi pour l’économie tunisienne.
 
Je voudrais aussi remercier les organisations italiennes qui opèrent en Tunisie, la Chambre de Commerce Tuniso-italienne dont on célébrera dans quelques jours le trentième anniversaire, le Cercle Italien, la Société Italienne d’Assistance, l’Ecole Italienne de Tunis ainsi que de nombreuses autres ONG italiennes présentes ici. Je remercie les fonctionnaires italiens qui, à travers leur présence dans les organismes internationaux, contribuent au progrès de la Tunisie.
 
Je remercie les opérateurs économiques italiens, les sociétés et les hommes d’affaires actifs dans tous les secteurs présents ici et qui ont cru en ce Pays même pendant les moments d’extrême difficulté. Je remercie particulièrement les sponsors de cette soirée, qui ont adhéré avec générosité à la demande de contribution offrant ainsi une confirmation de l’unité de la collectivité des opérateurs italiens présents en Tunisie. 
 
Je remercie enfin tous les services rattachés à l’Ambassade, de l’Agence ICE, à l’Institut Culturel, à l’Unité Technique Locale de la Coopération au Développement.
 
Je remercie tous les amis qui ont accueilli Jelena et moi-même avec affection rendant très agréable notre expérience tunisienne.
 
Vive la Tunisie
 
Vive l’Italie
 
Raimondo De Cardona,
Ambassadeur d'Italie à Tunis