Opinions - 04.06.2014

Au bonheur des Tunisiens

L’Etat tunisien possède des industries, des raffineries, des ports des aéroports, il vend du sucre, de l’huile, des médicaments, il s’occupe de promotion immobilière, de compagnies d’assurance, de télécom, il possède des hôtels, thalassos, terrains de golf etc. Notre Etat est un riche propriétaire, il est aussi un riche rentier car il s’est octroyé plusieurs monopoles, pourtant d’après les déclarations des ministres, notre état manque d’argent et certains le voient même proche de la banqueroute. Se pourrait-il qu’un si grand groupe, si diversifié puisse faire faillite? Pourquoi une si formidable machine économique ne fait-elle plus rentrer d’argent? Les explications sont nombreuses et vont des grèves, à l’insécurité, en passant par la corruption et la mauvaise gestion. Finalement les faits sont là alors que fait-on?

Deux solutions simples, la première est de remercier les centaines de PDG des sociétés nationales qui ne savent plus faire tourner leurs entreprises et d’engager de nouvelles compétences, de jeunes loups plus entreprenants, plus motivés.

La deuxième est encore plus simple et d’ailleurs on en parle de plus en plus en Tunisie, il s’agit de vendre les bijoux de famille c’est à dire privatiser les entreprises publiques pour combler le déficit et remettre la machine en marche.

La grande prêtresse de la privatisation, celle qui avait initié cette tendance, c’était Margareth Thatcher dans les années 80. Avec elle tout y passa, les aciéries, le chemin de fer, le gaz, l’électricité, l’eau y compris les lacs et les rivières et même les prisons. Le monde entier lui emboita le pas. La Pologne au sortir de sa révolution, privatisait jusqu’à 15 sociétés par jour. La plus grande opération de tous les temps fut la privatisation de la bourse japonaise qui employait à l’époque 30% de tous les fonctionnaires de l’Etat japonais.

On connait bien les avantages de la privatisation, celle-ci permet plus d’efficacité, plus de compétitivité et une plus grande transparence des entreprises. Cela limite aussi les interférences et les tentations de manipulations politiques de ces institutions. Cela pour dire que la privatisation peut être quelque chose de positif mais n’oublions pas que ces entreprises appartiennent au peuple, donc le peuple doit profiter de cette vente.

Il y a plusieurs façons de privatiser une société, on peut la vendre à un groupe ou à quelques milliardaires, on peut l’introduire en bourse etc. Mais la meilleure façon d’en faire profiter le peuple, c’est de vendre à chaque citoyen un nombre fixe d’actions à prix raisonnable. Celui-ci pourra les garder ou les revendre à la bourse en faisant une respectable plus value. Ceux qui ne sont pas intéressés ou n’ont pas les moyens d’acheter pourront vendre leur droit à l’achat et en retirer eux aussi quelques bénéfices.

Ainsi donc non seulement l’Etat sortira de l’ornière mais les citoyens se transformeront en de respectables actionnaires, c’est ce qu’on appelle l’inclusion des citoyens dans le système économique du pays. Pour exemple Mme Thatcher avait alors formé 6 millions de petits actionnaires. J’avais à l’époque assisté à cette euphorie d’acquisitions et je peux dire que tout le pays était en effervescence.

Ainsi donc une situation qui nous parait être aujourd’hui difficile pourrait finalement se transformer en une grande fête de prospérité pour le bonheur de tous les Tunisiens

Dr.  M.A Bouhadiba
 

Tags : Economie   Tunisie