News - 20.05.2014

Libye: Marzouki soutient la légitimité, est-ce la bonne position?

La Libye s’enfonce dans la guerre civile. Le général à la retraite Khélifa Haftar gagne des points sur les milices islamistes grâce au ralliement de forces loyalistes au gouvernement dans l’Est du pays. C’est à ce moment précis où la situation est plus confuse que jamais en Libye, que le président provisoire, Moncef Marzouki prend son téléphone pour appeler le président du Parlement libyen, le Congrès national général, Nouri Bousahmine pour lui signifier que «la Tunisie se tient aux côtés du peuple libyen face aux menaces contre ses institutions légitimes». Attitude louable sauf que ce CNG est partie du problème et non de la solution.

Ayant dépassé la durée qui lui a été allouée, il a perdu sa légitimité. D’ailleurs pour sortir de la crise le gouvernement intérimaire a proposé lundi, la mise en congé du Congrès général national (CGN). "Après l'adoption du budget 2014, le CGN se met en vacances parlementaires, jusqu'à l'élection d'un nouveau Parlement" dans un délai de trois mois, écrit-il dans une lettre ouverte publiée sur son site internet, en affirmant œuvrer pour éviter que la Libye ne sombre dans la guerre civile. L’initiative du gouvernement libyen prévoit en outre un nouveau vote au Congrès pour donner la confiance à un nouveau Premier ministre. Le chef du gouvernement choisi un jeune homme d’affaires de 40 an Ahmed Miitig, choisi après un premier vote chaotique début mai a été contesté par plusieurs députés et personnalités politiques.

Cette initiative intervient au lendemain d'une attaque de groupes armés contre le CGN réclamant sa dissolution et après une opération lancée dans l'est du pays par les forces du général Haftar qui dit combattre des "groupes terroristes" mais qui est accusé par les autorités de "tentative de coup d'État".

Cette prise de position de Moncef Marzouki risque de nous aliéner une partie des forces agissantes en Libye. Gouverner c’est prévoir dit-on. Les positions de principes ne peuvent pas toujours nous mettre sur le bon chemin. Rappelez-vous l’attitude vis-à-vis du président islamiste déchu, Mohamed Morsy qui nous a mis à dos de grands pays arabes hostiles aux «Frères musulmans». Avec la Libye c’est encore plus risqué, car nous partageons avec elle une longue frontière commune, de plus des centaines de milliers de libyens ont trouvé refuge dans notre pays depuis le soulèvement contre le colonel déchu Moammar Gueddafi.

Le ministre des affaires étrangères Mongi Hamdi, lui a indiqué que la Tunisie suit avec attention ce qui se passe en Libye et prônant une «diplomatie calme et prudente» se refuse à s’immiscer dans les affaires intérieures libyennes. Cette non ingérence est l’un des fondamentaux de notre politique étrangère, a-t-il dit. Intervenant sur Mosaïque FM, il a indiqué avoir été en contact aujourd’hui  avec les autorités libyennes sur le sort des deux diplomates enlevés à Tripoli. «Ils sont en bonne santé»s’est-il contenté de dire en estimant que pour le moment la situation sécuritaire en Libye n’a pas l’air de «compliquer» ce dossier. Prié de dire si les prises de position du président provisoire risquent, elles, de le compliquer, il a paru embarrassé. «Posez la question du président de la République »a-t-il lâché. Il a enfin dit que la Tunisie, en raison du nombre de ses ressortissants en Libye, près de 300.000, n’envisage pas de fermer son ambassade et ses consulats à Tripoli et à Benghazi. «Nous avons réduit l’effectif au strict minimum» a-t-il précisé.

R.B.R.

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