News - 19.04.2014

Hédi Larbi Ministre de l'Equipement : un ministère de services et de croissance économique

«Le ministère de l’Equipement est une véritable institution à haute vocation technique, mais il doit s’inscrire désormais dans l’accélération de la croissance économique». La vision est claire pour Hédi Larbi, nouveau ministre de l’Equipement, de l’Aménagement du territoire et du Développement durable.


Il ne suffit pas de veiller à l’application de la loi et d’exécuter des projets, il faudrait se convertir en ministères de services, contribuer et encourager  la création d’emplois et de la valeur, soutenir tous les intervenants dans le secteur et les industries annexes, renforcer l’infrastructure et promouvoir l’habitat. Quant au développement durable qui relève aussi de ses attributions, il lui réserve, lui aussi, tout un plan (voir encadré).

Relancer les chantiers bloqués, exécuter les projets déjà inscrits pour 2014, poursuivre la construction des 20 000 logements programmés et puiser dans les réserves foncières de l’Etat pour permettre à l’AFH et aux aménageurs privés d’offrir des terrains à construire à des prix abordables sont parmi les priorités du ministre. Sans omettre de lancer les réformes structurelles urgentes.

Connaissant bien ce Département pour l’avoir  fréquenté de longue date, mais soit en tant que bureau d’études, soit dans le cadre des missions de la Banque mondiale, Hédi Larbi a retrouvé, en débarquant à sa tête, un ministère de grandes traditions et d’excellentes compétences, très affecté par la révolution et subissant nombre de départs. S’il a continué à faire fonctionner les programmes, il affronte de grandes difficultés. «J’ai senti, confie-t-il à Leaders, que ce qui manque sérieusement, c’est une orientation stratégique. Le ministère, qui est le constructeur de l’Etat pour les divers autres ministères concernés, en charge de 25% du budget d’investissement, est confiné dans un rôle essentiellement technique, alors que son impact économique est extrêmement important: 15% du PNB.»

Ce constat a conduit le nouveau ministre à concevoir avec ses équipes une stratégie-programme nationale de relance, orientée vers le soutien à la relance économique et la création d’emplois, surtout pour les jeunes et dans les régions intérieures. «Trois axes principaux ont été retenus, indique Hédi Larbi. D’abord, l’accélération de l’exécution des investissements publics programmés pour 2014. De nombreux projets (autoroutes, routes, eau potable, assainissement, écoles, etc.) souffrent de retard et il s’agit de les débloquer rapidement en portant une attention particulière aux projets dans les régions. Le deuxième axe porte sur la mise en œuvre de réformes structurelles de nature à améliorer la compétitivité économique et promouvoir l’investissement privé.  Quant au troisième axe, il s’agit de la maîtrise des dépenses publiques pour freiner l’emballement de la dette publique, libérer le peu de liquidités bancaires pour favoriser les projets productifs, les PME et autres besoins du secteur privé».

La mise en œuvre de cette stratégie n’a pas tardé. La priorité a été donnée à la relance des chantiers arrêtés ou à faible évolution. A titre d’exemple, le chantier de l’autoroute Sfax-Gabès a été repris, une grande partie des problèmes qui le plombaient, essentiellement fonciers, ont été résolus et certains entrepreneurs ont été indemnisés. Une task-force dédiée composée de représentants de Tunisie-Autoroutes et du ministère de l’Equipement a été mise en place et une étroite collaboration établie avec le ministère de la Justice et les Domaines  de l’Etat. Le ministre cite également le cas des pistes agricoles dont les chantiers doivent être accélérés. Un tableau de bord précis a été conçu et des chargés de mission désignés pour en assurer le suivi. Quant au projet  Taparura, à Sfax, qui aurait dû être en phase d’exécution, il souffre d’un montage institutionnel et financier inadéquat. De nouvelles études détaillées seront lancées.

Habitat: offrir plus de terrains à partir des réserves foncières de l’Etat

Comment Hédi Larbi aborde-t-il la grande question de l’habitat? «D’abord, pour les logements sociaux, il s’agit de terminer le programme des 20 000 logements déjà engagé. Il faudrait aussi reconsidérer le concept même et faciliter sa mise en œuvre», affirme-t-il. Quant aux terrains à construire, la problématique est spécifique. «Nous sommes dans une rareté de l’offre qui frise le rationnement, pour ce qui est des terrains et des logements, une hausse des coûts en général et de lourdes procédures», reconnaît-il. C’est pourquoi il considère nécessaire d’engager une réflexion de diagnostic, afin d’élaborer une nouvelle stratégie appropriée. Mais, d’ores et déjà, le ministre entend développer l’offre de terrains aménagés ou à aménager afin de répondre à la demande et, pourquoi pas, la dépasser, et ce, «de façon participative avec les professionnels du secteur et les autres ministères concernés». L’Etat doit en effet recourir à ses réserves foncières, simplifier les règles d’urbanisme, permettre aux aménageurs privés aussi d’accéder aux terrains qui peuvent être mis en vente par les Domaines de l’Etat et apporter tous les encouragements nécessaires.

Hédi Larbi sait en effet que des milliers de demandeurs de terrains attendent depuis de longues années la réponse de l’AFH et que les prix dans le privé sont exorbitants, quasiment prohibitifs pour les petites et moyennes bourses. Son idée est intéressante de puiser dans les réserves foncières publiques pour permettre à l’AFH et aux aménageurs privés de proposer à des coûts acceptables  une bonne qualité d’aménagement et dans des délais très réduits, des terrains à construire dans les différentes régions du pays. Il suffit, pour cela, d’une bonne collaboration avec les Domaines de l’Etat, l’identification des zones prioritaires, l’établissement rapide des cahiers des charges et le lancement des projets. Rien que l’annonce officielle de pareille initiative, avec un calendrier précis de réalisation, fera tomber la bulle des prix excessifs et réduire d’un cran la spéculation sur les terrains.

T.H.

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