News - 14.03.2014

Mansar met les pieds dans le plat

En déclarant dans une interview à un journal jordanien «Addoustour» que Mohamed Bouazizi qui, en s’immolant par le feu a  allumé l’étincelle de la révolution du 17 décembre 2010- 14 janvier 2011, était l’oppresseur et non l’opprimé, que son histoire est un mensonge grossier et  que sa famille a profité de lui en amassant  de l’argent à ses dépens, Adnane Mansar, le directeur du cabinet présidentiel a littéralement mis les pieds dans le plat.
La famille du 1er martyr de la révolution a dénoncé ses déclarations et a décidé de le traîner Mansar en justice.
Le premier collaborateur du président provisoire et second personnage du parti présidentiel, le CPR, qui aurait  parlé en tant qu’historien selon un autre responsable de ce parti, Tarek Kahlaoui, s’est illustré ces derniers temps par des déclarations intempestives comme celles où il annonçait sans preuves tangibles  que la présidence avait déjoué l’été dernier un complot visant à renverser le régime.

M. Mansar, l’historien et l’universitaire  semble n’avoir pas bien lu son illustre compatriote Ibn Khaldoun qui disait dans ses «Prolégomènes» (Al Muqaddima) que «l’histoire, ce n’est pas la relation des événements mais constitue dans sa substance une analyse et une explication des faits et des raisons qui en sont à l’origine». De plus en affirmant que Bouazizi est devenu un mythe, ce qui est vrai, il n’a pas l’air de comprendre l’étendue de ce terme. Ce n’est pas à la mythologie, c'est-à-dire à un récit mettant en action des forces ou des êtres surnaturels qu’il renvoie mais bien plutôt à une représentation idéalisée autour d’un personnage ou d’un événement. Tous les grands événements de l’histoire ont été construits autour de mythes vrais ou faux.

La révolution française du 14 juillet 1789 serait-elle arrivée si Marie Antoinette, la femme de Louis XVI n’avait pas dit lorsqu’on lui rapportait que les Parisiens se révoltaient parce qu’ils ne trouvaient pas  de pain, «qu’ils mangent des brioches». Vrai ou faux, allez savoir !!!

Adnane Mansar semble minimiser aussi la force du symbole. Les hommes et les femmes qui ont construit l’Histoire ont été d’abord et surtout des symboles. Symbole de la non violence, Ghandi, symbole de la l’unité turque, Ataturk, symbole de la modernité tunisienne, Bourguiba, symbole de la réconciliation en Afrique du Sud, Mandela, symbole de la  libération en Indochine, Ho Chi Minh que sais-je encore. Des personnages qui ont rassemblé autour de leur nom les aspirations d’un moment de l’histoire. Bouazizi que Mnasar le veuille ou non est déjà inscrit dans les manuels d’histoire. Il est et restera le symbole de l’aspiration à la dignité et à la liberté dans les pays du Printemps arabe.

En faisant de telles déclarations que personne ne pouvait trouver opportunes, M. Mnasar ne paraît être mû que par le désir de se venger de Sidi Bouzid et, de sa population qui avait chahuté et lancé des  projectiles contre  son président, et le président de l’ANC du reste, venus commémorer en décembre 2012 le second anniversaire de la révolution dans cette ville. Le troisième anniversaire en 2013 n’a pas été célébré à Sidi Bouzid de crainte de manifestations hostiles.

R.B.R.

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