News - 22.01.2014

Le "Projet Sfax" : Une belle occasion ratée

Je reviens du vernissage d'une expo dont peu de gens ont entendu parler: "Le projet Sfax", "1º Résidence Euromaghrébine de Photographes" financée par l'Union européenne en Tunisie, au Palais Khéreddine.

De fait, pas grand monde en ce mardi hivernal. Une expo confidentielle, des tirages médiocres.

Il y a un catalogue, bien imprimé, avec un texte du Commissaire de l'expo, Juan Angel de Corral, photographe de publicité et directeur artistique d'un livre que je découvre sur place, près de 300 pages, cartonné avec jaquette. Je n'ai pas pu le feuilleter, A ma grande surprise, on me dit qu'il ne sera pas commercialisé.

Cette importante opération médiatique financée sur fonds publics européens aura donc abouti à une expo décevante, inaugurée en catimini un mardi, et à un livre d'art offert entre happy few.

Le public tunisien ne saura rien de ce travail, pourtant ambitieux et intéressant, et les amateurs de beaux livres ne le verront pas. On peut déplorer qu'un projet éditorial de cette dimension, initié par la délégation européenne, n'ait pas intégré un élément essentiel au livre: un éditeur.

Il est regrettable qu'une telle publication (le dernier livre sur Sfax date de 25 ans!) ne soit pas mise sur le marché et portée par un éditeur tunisien. Il existe à Sfax des éditeurs qui auraient été ravis de s'inscrire dans cette logique (l'un d'entre eux a même été président de l'union des éditeurs).

Ce livre aurait mérité de venir enrichir l'environnement éditorial tunisien. Avec une distribution efficace, une médiatisation plus professionnelle, et des séances de présentation en librairies avec les photographes, tellement plus en phase avec la dynamique sociale et culturelle tunisienne actuelle, qu'une pompeuse et insignifiante présentation "au Palais". Cela aurait assuré au livre et au projet qu'il porte, un impact, une visibilité et une pérennité réels et utiles à tous.

Je me suis intéressé à cette initiative depuis le mois de mars, ai multiplié les demandes de rendez-vous avec Mme l'Ambassadeur, envoyé des mails, parlé à son secrétariat, à ses standardistes. En vain.

J'ai fini par avoir une réponse du responsable du projet: ravi de mon courrier, il me suggère de contacter "Juan, qui ne sera là qu'après l'été". La suite vous la devinez, une fin de non recevoir... Sans même connaître l'objet de ma requête.

Madame l'ambassadeur est fille d'éditeur.
Dommage.

Karim Ben Smail
Editeur

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