News - 17.12.2013

Al Jomhouri: Les yeux plus gros que le ventre

«El Joumhoury est comme le mercure. Il est insaisissable. On ne sait pas s'il est à gauche ou à droite». Comme le professeur Sadok Belaïd, beaucoup de Tunisiens et même d'adhérents d'El Joumhoury, déroutés par ses voltes-faces au point d'avoir l'impression de s'être embarqués sur un bâteau ivre. D'où les vagues de départ que ce parti a connues ces derniers mois. Qui dit Joumhoury, dit inévitablement  Ahmed Najib Chabbi. C'est lui le fondateur, le leader charismatique du PDP qui deviendra plus tard, El Joumhoury après sa fusion avec Afek Tounès et le parti républicain. En sera t-il le fossoyeur ? Car, ce parti n'est plus que l'ombre de lui-même. Ses meilleurs cadres l'ont quitté pour Nidaa Tounès ou El Massar, écoeurés par les contorsions de leur leader, alors que ses partenaires au sein de l'UPT et du Front du Salut ont du mal à supporter les caprices du prince.

Nidaa  Tounès et le Front Populaire en ont fait l'amère expérience ces dernières semaines. S'étant entendus au sein du Front du Salut pour soutenir la candidature de Mohamed Ennaceur au poste de chef du gouvernement, ils ont la surprise de voir leur partenaire voter avec Ennahdha pour Ahmed Mestiri, puis de réclamer un ticket Mestiri-Ennaceur avant de proposer d'inclure tous les candidats dans un gouvernement présidé par le même Mestiri tout en proclamant haut et fort que le candidat d'El Jouhoury n'est  pas Mestiri, mais bien Ennaceur.

Ensuite, c'est la polémique avec Nidaa Tounès dont le président avait proposé la création d'un Haut Conseil d'Etat. En représailles, El Joumhoury annonce le gel de ses activités au sein de l'UPT. Le lendemain, Chabbi annonce dans une conférence de presse que Nidaa Tounès va quitter l'UPT, tout en laissant le soin à son frère, Issam  d'accuser BCE de chercher à conclure un marché avec Ennahdha pour partager le pouvoir, alors que l'information avait été démentie par les deux partis.

Lors de la dernière réunion entre le Quartet et les partis, un candidat parrainé par la Troika, Mehdi Jomaa est élu à la surprise générale à la tête du gouvernement. El Jouhoury crie au compot et annonce son départ définitif du Dialogue sans attendre l'avis de ses partenaires du Front du Salut.

Le professeur Belaïd s'est demandé si le Joumhoury est à droite ou à gauche. Il est ailleurs, prisonnier d'une logique suicidaire.

Meher