Opinions - 05.12.2013

Entendons-nous ce qu'on nous dit?

De toutes parts, les voix s’élèvent pour nous alerter des dangers imminents qui nous guettent. Les syndicats de police, et le ministère de l’Intérieur lui-même, nous assurent que le terrorisme est à nos portes et qu’il va frapper. Sur le plan économique, la débâcle n’est pas loin et notre note ne cesse d’être dégradée par les agences de notations. L’unité de notre pays est mise à mal par des revendications régionalistes qui proviennent essentiellement de la crise qui oblige chacun de nous à penser à soi: «Moi d’abord, les autres ensuite… «Pourquoi lui et pas moi»… Les graines de la discorde commencent à porter leur fruits vénéneux.
Voilà les résultats d’une politique menée depuis deux ans par des gens uniquement préoccupés par leurs intérêts partisans qui sont principalement de se maintenir au pouvoir coûte que coûte. Régner  sur un champ de ruines ne les dérangent pas. Et que dire de cette opposition, incapable de s’unir, incapable de choisir entre deux candidats. Notre pays est au bord de l’implosion et nous en sommes à nous perdre dans des palabres sans fin. Quelle tragédie!

Quelle prise peut avoir un simple citoyen sur les événements? Nous voyons tous les jours sombrer un peu plus la Tunisie, nous sommes tous les artisans d’une fatalité qui risque de rayer de la carte notre si beau pays. Nous avons tous rêvé d’une démocratie qui se révèle impossible car nous ne disposions pas de la maturité nécessaire et pour le comprendre, il faut relire ce qu’un homme visionnaire avait déclaré en 1956 comme une funeste prophétie, il s’agit du Président Bourguiba:

« Un régime populaire et démocratique serait la formule idéale. Cette solution, qui a l’avantage de sauvegarder la liberté et la dignité des citoyens, présente cependant des dangers certains. Le manque de maturité politique et l’ignorance des foules peuvent conduire à un mauvais usage du bulletin de vote dans un régime démocratique où le peuple est souverain. Des erreurs d’appréciation dans le choix des candidats risquent en effet d’aboutir à des conséquences catastrophiques pour la nation toute entière. L’exercice du pouvoir par des mains inexpertes, expose le pays à des aventures des plus périlleuses.»

Nous y voilà aux portes de cette aventure périlleuse. Nos politiques se sont avérés obsédés par leur seule passion du pouvoir et ces gens, majorité et opposition, ne sont pas dignes de diriger notre pays car ils ont fait passer leurs intérêts partisans avant ceux du pays.

Honte a eux!

Je veux terminer par ce qui peut être un bréviaire pour nos petits hommes qui prétendent nous gouverner. Il s’agit des différentes déclarations du Président Bourguiba qui a bâti une nation moderne que certains cherchent à détruire avec une haine implacable.

«La démocratie qui, chez les peuples mûrs, est un instrument de progrès, devient un véritable fléau chez ceux qui ne le sont pas encore»

«La responsabilité du pouvoir est une affaire trop grave pour être livrée à des individus sans compétence ni expérience. Pour prétendre à la direction d’une nation, un minimum de connaissances théoriques et d’envergure intellectuelle est nécessaire.»

«On ne bâtit rien avec la haine, la rancune ou l’esprit de vengeance.»

«Nous devons nous sentir tous responsables du destin d’une Patrie qui est notre patrimoine commun. Nous devons la mettre à l’abri des idées subversives qui visent à diviser la Nation.»

«La maturité du peuple est le meilleur gage de bonheur pour la nation car elle la préserve de la dispersion et de la faiblesse, elle la protège contre les convoitises des voisins et des ennemis.»

«La liberté est faite pour ceux qui en sont dignes. Si on en use mal, elle peut se retourner contre celui qui en jouit.»

«Il faut que vous soyez persuadés que vous êtes membres d’une même famille : La Nation tunisienne. Vos opinions, vos orientations, peuvent diverger. Vous pouvez être plus ou moins instruits, plus ou moins évolués mais le sentiment de la communauté nationale doit effacer les différences.»

Ces paroles raisonnent avec une acuité remarquable et constituent une gifle morale à tous ceux qui sont responsables du marasme dans lequel nous sommes aujourd’hui. A ceux qui ont sacrifié une partie de leur jeunesse dans les geôles de Bourguiba, je dirais : tout cela pour ça. Vous n’arrivez pas à la cheville de cet homme que vous exécrez ou avez exécré. LUI était un bâtisseur et vous vous êtes révélés des fossoyeurs avec vos passions primaires. L’Histoire jugera.

Foued Zaouche
 
 

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