Lu pour vous - 01.12.2013

Les musulmans de France: «nos mal-aimés»

«L’islam est l’exutoire de nos aigreurs» ; «l’islam nous permet de haïr en progressistes» ;  «l’islamophobie est devenue une preuve du bon sens populaire». Ancien journaliste au  Point, l’auteur de ces aphorismes, Claude Askolovitch, avait été chargé en 2012 d’une enquête sur l’islam et les musulmans en France.

Il devait parler des hôpitaux (où les musulmanes refusent d’être soignées par des hommes), des écoles (où les musulmans refusent de suivre les cours contraires au saint Coran), des piscines (que des musulmans veulent rendre unisexes), de la viande halal (qui envahit les tables franciliennes).

A sa grande surprise, il découvre une réalité plus complexe. Pour s’être employé à en rendre compte dans son article, il est viré. Son «papier» n’était pas dans l’air du temps. D’où l’idée de ce livre au titre évocateur: Nos mal-aimés : ces musulmans dont la France ne veut  plus! (*), un brûlot de 280 pages où il déplore la paresse intellectuelle de ses confrères, toujours prompts à caresser dans le sens du poil, ce qui n’a pas peu contribué à la banalisation de l’islamophobie (76% des Français considèrent que l’islam est une religion intolérante). Avec beaucoup de conviction, il s’emploie à tordre le coup à quelques idées reçues très répandues dans la société française, et ce à travers une série de portraits bien enlevés: «une banquière qui prie en cachette dans un placard à balais», «un salafiste qui conduit des bus et visite Disneyland», «un jeune psychiatre qui venge sa mère, universitaire qui n’a jamais travaillé» , «un écologiste du Val-d’Oise qui aurait pu devenir ministre dans le gouvernement d’Ennahdha», «un rappeur  marié à quinze ans», « un blogueur platonicien qui dénonce les entorses au halal» et un imam, le Tunisien Chelghoumi, «icône et modèle d’un  islam improbable». Le résultat: un hommage appuyé à ces citoyens français à la fois proches et différents mais auxquels on  peut appliquer le jugement porté naguère sur le maréchal Pétain : «Est-on plus français que lui ?» «Ils sont de la France, autant que moi», écrit l’auteur, une France fraternelle qu’il a voulu capter comme pour conjurer le sort «avant qu’elle ne se dérobe» et que la lepénisation rampante des esprits (en attendant celle du paysage politique) ne la défigure.
 
(*) Claude Askolovitch,
Nos mal-aimés : ces musulmans dont la France ne veut  plus, Grasset 2013

 

Tags : France   islam