Opinions - 28.10.2013

Le jeu de dupes

Bien évidemment tout le monde retient son souffle et espère une sortie de crise à l’issue de ce dialogue national mais on ne peut s’empêcher de nourrir une méfiance profonde envers le parti Ennahdha qui nous a habitué à des voltes faces incessantes. Ce pessimisme a été confirmé lors de l’interview de Hamadi Jébali sur la chaîne Hannibal qui a bien expliqué la position de son parti. D’ailleurs cet homme est sorti du bois à l’occasion de tous ces évènements voulant donner une image de lui-même de consensus et de sagesse en escamotant son bilan désastreux comme Premier Ministre. Ce personnage écume à présent les plateaux télé et de radio et prépare sa rentrée politique laissant présager sa future candidature aux élections présidentielles.

La démission du gouvernement est selon lui intimement liée à la réussite du processus de dialogue national et tout retard ou tout échec entraînerait la rupture du contrat et donc la remise en question de la démission du gouvernement. Cette feuille signée par Ali Laaryadh n’a aucune valeur puisqu’elle est soumise à des conditions, voici le jeu de dupes proposé par Ennahdha. Comment parvenir à un accord en quatre semaines alors qu’en deux ans, on n’est pas parvenu à le faire ?

Je ne crois pas que la volte face de Ali Laaryadh ait été motivée par l’intérêt du pays mais uniquement par l’état désastreux des finances publiques. Il n’y a plus d’argent dans les caisses et les pays prêteurs répugnent à consentir des nouveaux prêts à un pays qui fonce à tombeaux ouvert vers un inconnu empli de calamités.
Cet homme s’est-il interrogé sur sa compétence à diriger un pays car son bilan au Ministère de l’Intérieur ainsi que celui comme Premier Ministre sont une catastrophe ? Cet homme s’est arrogé le droit de le faire par son passé de militant et sa dizaine d’années en prison pour ses idées. On voit aujourd’hui quelles sont les dégâts causés par ces mêmes idées qui renferment les graines d’une dictature stupide et arrogante en marge du progrès. Peut-on seulement imaginer l’état de notre pays si cette idéologie islamiste était parvenu au pouvoir dans les années quatre-vingt en se rappelant ce que le Cheikh Ghanouchi disait il n’y a pas si longtemps des salafistes djihadistes qui lui rappelaient sa jeunesse.

Pour qui se prennent ces représentant de l’Islam politique, les Morsi, les Ghanouchi et autres qui font tant de dégâts dans le monde arabe, semant la division et la discorde. Nous les avons vu enfin au pouvoir et ils ont démontré leur totale incompétence et leur absence de programme politique. Leur seule obsession est de réduire les droits de la femme pour en faire un être mineur sur le plan juridique et surtout de noyauter tous les pouvoirs pour installer une dictature pesante et étouffante pour les libertés publiques.

Le nœud du problème est que le parti Ennahdha refuse de reconnaître son échec. Comment pour lui mener une campagne électorale crédible au vu de son bilan calamiteux car le pays est en quasi faillite par la faute d’une gestion désastreuse des deniers publiques? Sa seule option est de garder toutes les nominations effectuées pour espérer frauder et pour cela il lui faut parvenir à organiser des élections le plus rapidement possible pour ne pas donner l’opportunité à un futur gouvernement de remettre en question ces mêmes nominations et de mettre son nez dans son financement et dans celui de toutes les associations islamiques qui sont son fer de lance électoral.

Ennahdha joue sur le peu de représentativité des partis politiques et Ali Laaryadh avait pris pour prétexte le faible taux des participations populaires aux manifestations du 23 octobre pour refuser la démission de son gouvernement mais pour se raviser le lendemain, mais cela est une autre histoire.

C’est pourquoi je ne crois pas que le politique suffira à sortir Ennahdha du pouvoir. On peut toujours espérer que les négociations aboutissent et parviennent à ce qu’un gouvernement de compétences avec de réels pouvoirs voit le jour mais, si cela ne se réalise pas et que Ennahdha sabote ces mêmes négociations avec des revendications inacceptables pour l’opposition, il faudra que le peuple prenne la relève pour exiger la démission de ce gouvernement.

Il faudra une mobilisation populaire pacifique, générale et entière. Ce que la population de Siliana a fait en son temps, il faudra que cela s’étende à toutes les villes et villages de Tunisie, que toutes les populations prennent la route pour se diriger vers Tunis pour réclamer la démission réelle et effective de ce gouvernement. Il faut se rappeler que Ghandi a sorti l’Angleterre sans un seul coup de feu et seulement par une mobilisation populaire non violente.

L’élan du 23 octobre 2011 doit être vivifié pour reprendre le flambeau de l’espérance en une société réellement démocratique. La seule priorité pour l’instant est que ce gouvernement parte, que les politiques de tous bords s’éloignent de ce pouvoir qui rend fou et laisser des compétences apolitique uniquement soucieuses du Bien public s’occuper de remettre notre chère Tunisie en état le temps que la Raison reprenne ses droits. C’est mon vœu le plus cher.

Foued Zaouche
 

Tags : Ennahdha   Hamadi J   islam   Morsi