News - 27.10.2013

Tunisie et dangers immédiats: Déclarer la « guerre »sur trois fronts!

Force est de constater en Tunisie que la situation échappe de plus en plus à tout contrôle. Les tunisiens sont en droit d’attendre des actions claires et efficaces pour répondre à leurs aspirations: Dignité, Prospérité, liberté. Seulement, ceci ne peut se concrétiser sans sécurité et sans Etat de droit. Voici quelques idées  à titre de contribution à l’effort national pour sortir la Tunisie de l’Etat de crise chronique :

Les conditions préalables à tout redressement:

1) Suspendre l’idée d’élections dans l’immédiat et se concentrer sur les vrais défis de la nation. Lorsque les conditions d’élections seront retrouvées, alors le pays pourra se permettre d’engager sereinement des élections transparentes et impartiales. La situation émotionnelle actuelle du peuple ne pourrait que conduire à des décisions non rationnelles préjudiciables à la paix sociale. La course effrénée au pouvoir a déjà fait de sérieux dégâts en mettant de côté les vraies questions de développement prioritaires que le peuple est en droit d’attendre. Il ne s’agit pas de rompre le processus démocratique, mais d’en préparer de solides conditions de façon durable.

2) Désigner un nouveau «Gouvernement Provisoire de lutte contre les Dangers Immédiats» – idéalement, par discussion et consensus entre tous les partis pour nommer des technocratessur l’unique base de leurs  compétences. Leur mission sera la suivante: Sécuriser le pays, relancer son économie, lutter contre la pauvreté, renforcer sa diplomatie et redorer son image auprès du peuple.La leçon à tirer de la phase transitoire passée est qu’il est contreproductif de se focaliser sur les élections au détriment du redressement du pays qui se fait urgence. Ce nouveau Gouvernement devra être nommé pour une période déterminée de 3 ans et devrait être jugé sur ses résultats.

3) Désigner un nouveau Président de la République provisoire sur la base de compétences diplomatiques et sécuritaires. Son mandat sera le suivant: rétablir la neutralité de la Présidence, renforcer l’image positive de la Tunisie entre les Nations et surtout jouer son rôle de chef des armées dans la lutte contre le terrorisme.

Quoi faire pour écarter les dangers immédiats et le sentiment d’insécurité?
4) La Tunisie gagnerait à déclarer une véritable «Guerre» sur trois fronts : le premier front est celui contre l’insécurité et le Terrorisme, le second contre l’insécurité économique et le chômage, et le troisième contre la pauvreté et l’insécurité alimentaire.
Comment redresser la situation ?

5)  Déclarer la Guerre contre le Terrorisme. La Tunisie sera ainsi officiellement en Guerre contre une menace présente en Tunisie et alimentée de l’étranger. Déclarer publiquement que toute personne dont la preuve a été établie qu’il collabore de près ou de loin avec les terroristes soit traduit devant un tribunal militaire pour haute trahison de l’Etat et sera jugé en conséquence par loi martiale.

6)
Renforcer les rangs de toutes les forces armées et sécuritaires : humainement, matériellement et moralement. Le concept de sécurité totale n’est pas nouveau en Tunisie, il est fort probable qu’elle apportera une réponse positive à la situation. La coopération avec les pays  amis et voisins sera cruciale à ce niveau. Une telle coopération nécessite une Gouvernement et un Président forts qui bénéficieraient d’un large soutien populaire et politique, ce qui ne semble pas être le cas actuellement.

7)
Déclarer la Guerre à la morosité et à l’incertitude économique, au chômage et à la pauvreté. Donner la priorité absolue au développement des entreprises créatrices de richesses. Encourager les entrepreneurs individuels illicites à régulariser leurs situations par un programme adéquat et des aides à titre d’entrepreneurs individuels afin de développer leurs affaires en toute légalité et conformément à des dispositions adéquates. Redynamiser le tourisme à haute valeur ajoutée par une réforme du secteur. Après une phase de consolidation, une phase de relance économique sera nécessaire, par le rétablissement de la confiance lourdement ébranlée et l’injection d’investissements frais et de manière, à la fois, massive et ciblée.  Une restructuration des entreprises publique est également nécessaire pour en améliorer la compétitivité par la qualité des produits et services.

8)
Introduire l’approche client dans l’Administration publique. La nécessité de mener des réformes nécessaires sur le plan des services administratifs. Revaloriser certains métiers  de souveraineté incluant ceux de la Défense, la Sécurité, l’Éducation, l’Agriculture entre autres.

9)
Déclarer la Guerre à l’ignorance et à l’incivilité. Il s’agit de généraliser le droit à la Culture et à l’éducation, de mettre en place des mécanismes visant à développer le sentiment d’appartenance national et le comportement patriotique dans l’unité nationale. Le système éducatif doit être repensé et développé pour inclure toutes les franges de la population. Revaloriser  et protéger la culture sous toutes ses formes ainsi que le patrimoine. Préserver et protéger la liberté de presse et d’expression dans le respect de l’intégrité des individus, des institutions et de l’intégrité du pays.

10)
Développer la coopération internationale et renouveler les relations diplomatiques sur les trois fronts : la lutte contre le terrorisme, l’éducation et la Guerre contre la pauvreté et la malnutrition. Renforcer les caisses de l’Etat par des financements massifs et ciblés gérés selon le principe de la Gestion Axée sur les Résultats (ResultsBased Management). Renforcer l’image du pays en interne et à l’extérieure, renforcer le rôle des missions diplomatiques en adoptant une approche proactive et non partisane répondant aux priorités de la politique nationale et plus largement visant le seul intérêt national.

Le choix des membres du nouveau Gouvernement doit se faire selon leurs compétences à répondre à un agenda d’une telle nature. Si tel était le cas, la Tunisie aura réussi son pari

Chakib Zouaghi, MSc. Adm.
Ingénieur Agro-Economiste

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