Opinions - 27.08.2013

Précipitation ou préméditation?

Avant même que l'inspection des Nations Unies ne débute pour établir la vérité sur l'attaque chimique perpétrée contre des civils innocents, l'axe Paris-Londres-Washington a décrété que le régime de Bachar Assad est coupable. Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères rompt avec la traditionnelle politique internationale indépendante de la France, et joue aujourd'hui sur le psychodrame proche-oriental le même rôle que celui de Colin Powell à l'égard de l'Irak. Et pourtant, Carla Del Ponte, enquêtrice de l'ONU prenant le contre-pied des positions exprimées par Laurent Fabius et ses partenaires, a déclaré soupçonner les rebelles dans cette affaire. Parions que les moralisateurs de l'Otan sauront la faire changer d'avis puisqu'ils affirment maintenant que les preuves ont disparues et au diable la présomption d'innocence qu’ils accordent à la carte et selon leur bon vouloir. Après tout, l'ONU n'est qu'un "machin" toujours au service des mauvaises causes, n'est ce pas "grand Charles" paix à ton âme. Et puis, le plan d'attaque de la Syrie n'est-il pas programmé et arrêté depuis 2 ans déjà? Seulement, la Syrie n'est pas l'Irak que Saddam paix à son âme, s'était évertué à isoler. Une éventuelle attaque d'une coalition à la solde risque de provoquer une conflagration terrible qui anéantira jusqu'à la dernière trace de l'histoire millénaire de ce pays, berceau de l'humanité, dont la propre histoire de ces va-t-en-guerre, et on sait maintenant les dégâts que causent les interventions coalisées avec leurs lots de bombes à l'uranium et toute la panoplie conçues spécialement pour anéantir. Dans ce cas, on peut craindre une catastrophe humanitaire dont on ne se relèvera pas de si tôt.

Nous ne pouvons que regretter cette volte-face de la politique étrangère de la France, pratiquée depuis quelques années à géométrie variable. Il est loin le temps où celle-ci s’inspirait du trésor de sagesse que le général De Gaulle a laissé en héritage, considérant qu’il est essentiel de privilégier le développement des relations amicales avec toutes les nations du monde. Cette philosophie a d’ailleurs guidé l’action de ses successeurs jusqu’à Chirac.

Après le satisfecit de François Hollande à la Tunisie souffrante, Laurent Fabius met tout son poids d’ancien Premier ministre à jouer au pyromane et se précipiter chez Netanyahou pour en récolter d’hypothétiques dividendes.

Seifallah Blili