News - 23.05.2013

Ali Laarayedh met en demeure Ansar Ashariaa de renoncer à la violence et au terrorisme

« Ils n’auront plus beaucoup de temps pour se déclarer clairement contre la violence et le terrorisme, les dénoncer et s’en disculper », a affirmé le chef du gouvernement Ali Laarayedh dans une mise en garde directe à Ansar Ashariaa. « C’est une organisation illégale, dont nombre d’adhérents et de dirigeants ont exercé la violence et sont impliqués dans des actions terroristes, a-t-il ajouté. Chacun doit aujourd’hui exprimer de la façon la plus nette, sa position sur ces violations de la loi ».

S’exprimant jeudi matin au cours la première conférence de presse qu’il tient depuis son accession à la tête du gouvernement il y a plus de deux mois, Laarayedh qui choisit soigneusemt ses mots a été précis, répondant en français à la question d’une consoeur française. « Je ne dis pas qu’Ansar Ashariaa est une organisation terroriste, ce qui ne veut pas dire qu’elle  ne l’est pas. Plusieurs de ses leaders trempent dans le terrorisme, mais je réaffirme qu’elle est hors-la loi et engagée dans la violence et le terrorisme ». Il ajoutera que son leader, Abou Yadh, demeure ardemment recherché et que la traque lancée à ses trousses et à celles de tous ceux qui sont impliqués dans les récents évènements se poursuit intensivement « sans relâche ni négociation ». Une occasion pour le chef du gouvernement d’afficher une nette fermeté et grande détermination à faire prévaloir la loi et restaurer la sécurité.

Qu’en sera-t-il pour les tentes de prédication et les associations caritatives considérées comme proches d’Ansar Shariaa ?

Le chef du gouvernement a indiqué que le principe pour les tentes de prédication est qu’une demande d’autorisation soit déposée auprès des autorités, mentionnant l’identité de l’organisateur qui, d’ailleurs en sera responsable, l’objet de l’activité projetée et les programmes détaillés ainsi que les supports à diffuser. « S’il s’agit d’activités culturelles, dans des sites appropriés, ne pouvant constituer le moindre désagrément, la demande sera alors examinée au cas par cas, a-t-il précisé. Mais, s’il s’agit d’une implantation anarchique, notamment devant des établissements scolaires et avec un contenu incitant directement ou indirectement à la haine et à la violence, la réponse sera catégoriquement non ! ». La même approche sera appliquée aux associations qui doivent faire montre de transparence totale et de non obédience à des organisations pratiquant la violence et le terrorisme.

« La maturité gagne du terrain »

S’il s’est excusé de ne pas pouvoir fournir des données sur les opérations menées au mont Chaambi et dans d’autres régions à la poursuite des jihadistes, se contentant de dire que « les opérations sont en cours », le chef du gouvernement a affirmé une amélioration significative de l’action des forces de sécurité, soutenues par l’armée tunisienne. « Nos efforts sont renforcés dans le contrôle des frontières, la lutte contre la criminalité, la poursuite des recherches par la justice et la restauration de la quiétude, dit-il. Nous ne saurons accepter la moindre rébellion contre l’Etat. Certes, le salafisme peut constituer dans son sens le plus large, une pratique religieuse pacifique et non-violente, pour la majorité de ses adeptes, mais une minorité qui s’en revendique, est versée dans la violence et le terrorisme ce que nous ne saurons tolérer ». Sa doctrine est claire : « On ne peut pas forger une société, dans ses convictions et ses pratiques, mais on peut d’un coté, dans le respect des libertés, prôner les valeurs de modération et de tolérance et on se doit, de l’autre, de faire barrage à l’extrémisme et imposer le respect de la loi. En Islam, je n'ai rien trouvé qui pourrait justifier le recours à la violence».

Rappelant l’avancée du dialogue national et la progression dans la rédaction de la Constitution, avec l’espoir de ne pas recourir au référendum et de voir les élections se tenir entre le 15 novembre et le 15 décembre d cette année, Ali Laarayedh a estimé que « la maturité gagne du terrain ». Cette détente politique doit cependant bénéficier d’un désamorçage des tensions sociales, déplorant à cet égard l’implication de certaines parties dans l’exacerbation des débrayages sociaux, l’installation de barricades sur les routes et l’entrave à la liberté du travail.

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