Opinions - 20.05.2013

Pour une Plateforme Maghrébine des Sciences et de la Technologie

Les pays du Maghreb sont confrontés, et le seront davantage dans le futur, à des défis similaires et difficiles à relever sans un minimum de coordination et d’entraide.  Parmi les plus urgents, je citerai : la lutte contre le chômage, notamment des jeunes diplômés des universités, la lutte contre la pauvreté, la disponibilité de l’eau, cette ressource vitale qui ne cesse de se raréfier et plus généralement l’offre de conditions de vie meilleures à l’ensemble de leurs citoyens, de même que l’assurance d’un minimum de présence sur la scène internationale.
Ces redoutables défis ne peuvent être facilement relevés sans une coordination entre les pays de la région et sans une mise en commun sincère et efficiente des potentialités de chacun.

Pour ce faire, et compte tenu du monde globalisé dans lequel nous vivons, dont l’une des principales caractéristiques est la prédominance du savoir, qui devient le principal facteur de compétitivité et où la concurrence devient chaque jour plus rude,  il serait hautement profitable, je dirai même indispensable, de créer un ensemble de structures et de mécanismes permettant de fédérer les intelligences et constituer une plateforme maghrébine, scientifique et technologique,  d’un niveau international. Ce ne sont pas en effet les compétences individuelle qui manquent, ni les moyens. Il faut juste une prise de conscience de l’intérêt collectif que cela représente et une réelle volonté politique pour sa concrétisation.

Plus précisément, il est proposé la création  d’une Agence Maghrébine des Sciences et de la Technologie, dotée d’un budget et d’une loi de programmation pluriannuelle, sur trois ans par exemple, dont l’objet serait, en particulier, de:

  • Financer de grands projets de recherche fédérateurs, dans des thématiques socio-économiques prioritaires
  • Encourager, par des mécanismes ad-hoc, les échanges entre institutions de recherche des pays de la région, en favorisant la mobilité des universitaires et des chercheurs, de même que la synergie inter-institutions
  • Assurer une veille scientifique et technologique, pour rester au diapason des évolutions rapides dans ces domaines et en tirer profit
  • Associer les milliers de scientifiques, chercheurs et entrepreneurs maghrébins exerçant à l’étranger,   à des équipes de recherche locales dans l’étude et la promotion  de projets prioritaires
  • Jouer le rôle de conseil au profit des différents gouvernements dans ses domaines de compétence, par la fourniture de notes et de rapports périodiques, sur des questions sensibles relevant de ses domaines de compétence
  • D’une manière générale, jouer le rôle de promoteur d’idées et d’initiatives  visant à mettre les progrès scientifiques et technologiques au service du développement économique et humain des pays de la région.
    Cette agence serait dotée d’un budget conséquent et jouir d’une gestion alliant transparence et souplesse, en rapport avec le caractère périssable des produits de l’innovation et du caractère évolutif des savoirs.

Son financement pourrait consister en une participation de chacun des pays au prorata de son PIB, à hauteur d’un pourcentage à convenir. Elle serait en outre gérée par un conseil d’administration et un conseil scientifique regroupant des personnalités scientifiques des différents pays de la région, choisies parmi les universitaires, les chercheurs et des représentants qualifiés du monde productif, selon des critères pertinents et objectifs privilégiant la compétence, le rayonnement et la probité.

La plupart des études prospectives, effectuées à l’échelle internationales, indiquent en effet clairement que le siècle que nous vivons sera dominé par le savoir et le moteur principal de la croissance y sera l’innovation et la créativité. Ce n’est qu’au prix d’une vision éclairée basée sur le sens du partage et de l’intérêt mutuel que nos pays gagneront le redoutable défi consistant en l’offre d’un avenir meilleur à leurs générations futures.
Bien entendu cela nécessite une prise de conscience de nos faiblesse et de nos points forts, de même que l’instauration de véritables états de droit, avec des institutions fiables et durables, dans le cadre d’une diversité des opinions stimulante, sans exclusive, ni marginalisation.

Rappelons-nous de la belle phrase de Jean Monnet, l’un des pères de l’Europe qui disait : «Rien ne se crée sans les Hommes et rien ne dure sans les Institutions» !

Ahmed Friaa
Universitaire

Tags : Maghreb   technologie