News - 30.04.2013

Place Farhat Hached à Paris: Une belle leçon d'internationalisme et … d'amour

Paris- Correspondance spéciale pour Leaders - Ce mardi 30 avril 2013, inaugurant, «au nom de Paris »,la Place Farhat Hached dans le 13ème arrondissement de la capitale, en présence de nombreuses personnalités tunisiennes et françaises, le maire de Paris, Bertrand Delanoë- ce fils de Bizerte- a rendu un vibrant et émouvant hommage à Farhat Hached et exprimé avec chaleur et sincérité son « amour » pour la Tunisie et son peuple. 

Delanoë a dédié  cette manifestation au peuple tunisien. Il devait évoquer le  combat de Hached pour l’indépendance, son lâche assassinat par « des Français de l’extrême droite »,  de la Main Rouge – crime pour lequel il demande « un geste de réparation »-, la portée universelle et humaniste  de son message. Il a aussi évoqué  l’action de l’UGTT lors de la lutte nationale et pour  la défense des travailleurs et des valeurs les plus nobles du syndicalisme, aujourd’hui comme hier. Sobre et amicale  à la fois, cette inauguration  mit en évidence cette Tunisie plurielle, ouverte sur le monde, tolérante, humaine et n’excluant aucun de ses enfants et aucun de ceux qui la portent dans leur cœur comme Bertrand Delanoë, Claudia Cardinale et tant d’autres qui sont venus rendre hommage au grand syndicaliste et à son pays,  dans cette période difficile qu’il traverse. Donnant lecture  du paragraphe d’une lettre de son père,  Nourreddine Hached a permis à l’auditoire d’apprécier les leçons et la vision si moderne voire  prémonitoire – dans les années 1950- de Hached sur  le rôle de sa patrie dans le monde. 

Située à une extrémité de l’Avenue de France, la Place Farhat Hachèd répond à la Place Pierre Mendès-France, à l’autre extrémité. Est-il nécessaire de rappeler que PMF- comme on disait à l’époque- a été le premier parmi les gouvernants français, à avoir compris la soif d’indépendance de notre pays et à avoir su y répondre ?« Il n’y a pas dans le colonialisme d’efforts heureux » devait rappeler le maire de la capitale.  Tout  comme Houcine Abassi, ce dernier devait mettre  en exergue la date de cette inauguration « qui ne doit rien au hasard », en cette veille de la Fête du Travail. Tous deux ont réclamé que le gouvernement français face la lumière sur l’assassinat de Farhat et lève le secret sur ce dossier. Delanoë a affirmé qu’avec « amitié et gravité », il allait demander à François Hollande et à Jean-Marc Ayrault d’ouvrir les archives.

La Place Farhat Hached est merveilleusement située dans un quartier parisien en pleine rénovation, elle avoisine une Université, la magnifique Bibliothèque François Mitterrand et des œuvres d’art moderne. Un grand portrait- hommage au leader syndicaliste tunisien- œuvre de l’artiste Mehdi Bouanani-  orne la façade d’un immeuble du 13ème arrondissement. Rien n’a manqué, en effet, à cette belle cérémonie : l’hymne national,  la poésie et même  les tabbals de Kerkennah étaient de la partie !

A l’heure où une constitution qui vise à nous isoler du reste du monde moderne dans un sinistre lazaret de règles « masquées » et à nous enfermer dans un lugubre tête-à-tête avec les tenants de concepts d’un autre âge, cette manifestation honore à la fois notre pays, Farhat et l’action de l’UGTT pour les libertés, les droits et la citoyenneté.

C’est un agréable devoir que d’exprimer notre gratitude à Bertrand Delanoë et au Conseil de Paris ainsi qu’à tous nos amis français qui, après celui de Bourguiba, ont tenu à mettre en lumière le message de Hached, ce héros qui continue d’inspirer bien au-delà des frontières de notre pays,  les hommes et les femmes épris de liberté et d’égalité.

L’internationalisme, l’amour et l’amitié n’étaient-ils pas au cœur de la magnifique Commune de Paris de 1871, ce gouvernement populaire, ce gouvernement de prolétaires  qui s’est élevé contre le pouvoir impérial issu du coup d’Etat du 2 décembre et les bourgeois exploiteurs, ce gouvernement qui a aboli le travail de nuit et les amendes infligées aux ouvriers, séparé l’Eglise de l’Etat et imposé une instruction laïque, gratuite et obligatoire ?

Puisse l’ANC s’inspirer de ce message provenant de la Ville-Lumière !

Mohamed Larbi Bouguerra