News - 19.04.2013

Quand le mufti de la République monte au créneau

Enfin, le mufti de la République monte au créneau. Depuis la révolution, les Tunisiens sont soumis à un flot ininterrompu de fatwas pour la plupart étrangères à nos moeurs et à nos traditions de tolérance et d'ouverture sur le monde. Il est bon que l'un des tout derniers représentants de l'école Zeitounienne auquel on peut s'identifier, nous fasse entendre un autre son de cloche,  la voix de la raison, celle de l'islam des lumières. Pour son premier point  de presse, notre mufti a eu beau jeu de tailler en pièces, les thèses d'un autre âge développées par de soi disants cheikhs.

«Combattre en Syrie n’est pas du Jihad» a affirmé, vendredi, Cheikh Othman Battikh. «C’est une forme d’exploitation des jeunes qui ont des conditions de vie précaires», a-t-il estimé précisant qu’il existe deux types de Jihad dans le Coran. Le Jihad pour lutter contre le colonisateur «al-gihad fi sabil Allah» ou le Jihad interne, spirituel (le grand Jihad) « al-gihad bi anfusikum ».

 «Les Syriens sont des musulmans et tout musulman ne combat pas son frère musulman», a-t-il dit soulignant la nécessité de sensibiliser les jeunes aux dangers qu’ils peuvent encourir en allant combattre en Syrie et ce, en usant de tous les moyens possibles y compris les médias pour mettre fin à ce phénomène «délicat pour les Syriens eux-mêmes».

Dans ce contexte, il s’est dit étonné de ce qu’on appelle «Jihad du Nikah» (du mariage), estimant que c’est « là un manque de moralité, une mauvaise éducation et une forme de prostitution ».
Dans ce sens, le Mufti a annoncé que seize jeunes filles ont été dupées et envoyées en Syrie alors que normalement la jeune fille tunisienne est consciente et éduquée et veille toujours à la préservation de son honneur.

Pour Cheikh Battikh, c’est en Palestine, à titre d’exemple, que le jihad peut être légitime. Néanmoins, il n’est pas nécessaire de se déplacer en Palestine pour  combattre, il s’agit plutôt d’être solidaire avec ce pays, a-t-il dit.
Par ailleurs, le Mufti a considéré que le mariage « ôrfi » ou coutumier est illégal et nul. «Le mariage en Tunisie n’est légal qu’en vertu d’un contrat civil et ce, conformément aux dispositions du Code du statut personnel», a-t-il insisté.

Concernant la Mosquée Zitouna, le Mufti a exprimé son regret de voir cet édifice historique se transformer en un lieu de conflit et de discorde. «Cette mosquée a été classée historiquement avant celle d’Al Azhar au Caire et a été un phare de Science et de Savoir», a-t-il noté.

Le Mufti a estimé que la Mosquée Zitouna ne convient plus à l’enseignement depuis 1958 étant donné que les sciences modernes comme la Physique et la Chimie exigent des espaces et du matériel adapté, indiquant qu’il n’est pas possible aujourd’hui de réunir la prière et les cours ensemble.

S’agissant des qualités du martyr, Cheikh Battikh a souligné que toute personne qui met fin intentionnellement à sa vie n’est pas considérée comme martyr.

« Le suicide à travers l’immolation par le feu ou autres, est un crime et un grand pêché punissable le jour du jugement », a-t-il averti ajoutant que ces actes relèvent de « l’ignorance et de l’impatience ».
A cette occasion, Cheikh Othman Battikh a présenté un aperçu de l’Institution de l’Ifta en Tunisie fondée depuis 1956 en vertu d’un décret, indiquant que le Mufti de la République est la seule personne habilitée à publier les fatwas.

Il a souligné le souci de la Maison de l’Ifta de promouvoir son action afin de répondre aux interrogations des citoyens et des journalistes et rompre avec les fatwas qui envahissent les maisons des Tunisiens à travers les chaînes satellitaires étrangères.

 

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