News - 28.03.2013

A quoi joue Ennahdha ?

Oui, à quoi joue Ennahdha ? Ces dernières semaines, quelques uns de ses principaux dirigeants, le leader du mouvement, Rached Ghannouchi, le vice-président, Cheikh Abdelfattah Mourou, et le ministre de la justice transitionnelle, Samir Dilou s’étaient répandus en déclarations critiquant le projet de loi sur l’immunisation de la révolution. Il n’en fallut pas plus pour que certains en déduisent que ledit projet de loi est enterré, d’autant plus que le président de la république et son conseiller politique, Aziz Krichen, ont récemment abondé dans le même sens. 

Or voilà que, contre toute attente, ce texte est remis sur le tapis, puisqu’il est examiné depuis mercredi par la commission de législation générale de l'ANC. Appuyé par 130 élus et 5 groupes parlementaires alors que la majorité requise est de 109 voix, son adoption en séance plénière ne fait donc aucun doute. La première séance a été marquée par un débat houleux entre membres d’Ennahdha et ses alliés d’un côté et les élus de l’opposition de l'autre. Si ces derniers se sont opposés au projet  qualifié de revanchard et inique, ses partisans ont choisi la surenchère proposant que la liste concernée par l'immunisation englobe aussi les présidents successifs des organisations nationales, de l’ATCE et des associations sportives, les députés, les membres de la chambre des conseillers, le directeur du cabinet de l’ancien président de la république, ses conseillers, les ministres et leurs conseillers,  le vice-gouverneur de la BCT (pourquoi le gouverneur est épargné ?!), les ambassadeurs, les consuls, les présidents de cellules destouriennes, les omda etc. qui se sont succédé depuis 1989. A ce train-là, on se demande, comme l'a proposé une élue,s'il ne faut pas inclure aussi les secrétaires des ministres et les sportifs qui ont remporté des médailles. Et pourquoi tant qu'on y est, ne pas dissoudre aussi le peuple et élire un autre peuple. Ce serait beaucoup plus pratique.

Quand on connaît le fonctionnement interne d’Ennahdha qui ne tolère ni l'émergence de courants, ni même une seule voix discordante, on ne peut qu'émettre des doutes sur la sincérité du «revirement» de ses dirigeants à propos de ce projet de loi. Le procédé n'a même pas le mérite de la nouveauté. Il se décline en trois temps. D'abord, on multiplie les déclarations conciliantes. Ensuite, on encourage en sous-main la base à se montrer ferme. Celle-ci finit par imposer ses vues à la direction du mouvement qui s'éxécute finalement, tout en donnant l'impression de le faire à contre coeur. 

Mustapha

 

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